Paracelsia

† La Madone Anthracite †

Vendredi 16 juin 2006 à 15:10

Lorsque je raconte mon enfance aux autres, ils
font des têtes d'enterrements comme si quelqu'un venait de se tuer devant eux, pourtant moi ça me fais rire, mes cousines aussi en rient, nous avons eu toutes les trois une enfance assez particulière, l'une se faisait battre par son père qui lui jettait des pierres lorsqu'elle désobéissait, mais on en rit, parce qu'on se souvient de ses courses folles pour éviter les cailloux et les coups. L'autre à une mère qui ferait passer Xéna pour un chaton, qui s'est battu avec courage contre l'une des maitresses de mon père avant que ma mère ne l'ébouillante avec de l'huile chaude. Moi et mes frères ont se faisaient attacher au pied du lit superposé de notre petit studio bourré d'amiante et de personnes jusqu'au soir où on attendaient que notre mère nous détache. Mais on en rit, je comprends pas vraiment ce qui a de curieux à ça...

C'est plus grande que j'ai compris que les autres gamins n'avaient pas eu mon enfance, non Paracelsia, j'ai jamais eu de rhum dans mon biberon, non chéri on ne m'a pas étrangler hier, non tes cicatrices ne sont pas jolies. Lorsque j'arrivais en CP avec la gueule de Terminator, les gens me regardaient et ça me faisait plaisir parce que je croyais que j'étais la meilleur et qu'ils m'aimaient tous. Non Paracelsia, ma maman me gifle, j'ai des fessées, mais toi c'est pas normal.
En grandissant j'ai commencé à haïr ma mère de nous laisser devant l'école à 6 heures du matin seuls, de nous laisser torturer par notre famille d'acceuil sans réagir, d'étouffer mes cris, de me laisser être la seconde maman de mes petits frères, de nous enfermer comme des chiens chez nous, de nous frapper avec ce qui lui passait par la main, de ne pas comprendre que ses enfants allaient mal quand ils se blessaient entres eux avec des objets pointus. De ne pas comprendre que sa fille essaye de se suicider au lieu de faire passer ça pour du vaudou. De frapper, frapper encore ces gosses comme si s'étaient de la farine Francine.
Mais un jour, j'ai osé levé la main sur elle, ça m'avait tuer, j'en ai eu des naussées, pourtant ce fut le début de mon histoire d'amour avec elle. J'ai ouvert les yeux sur son calvaire à elle, ma maman est une bonne personne qui se lève tous les jours depuis que j'ai 6 ans à 4h du matin et rentre à 22h du soir pour faire le ménage chez des gens riches et méprisants, uniquement pour nous faire vivre, qu'elle n'a jamais été en arrêt maladie pour pouvoir régler son loyer et nos dépenses, ma maman a peur pour nous lorsque l'on est dehors, elle craint que l'on deviennent des imbéciles de "racailles", elle a peur pour nos vies, elle se lève lorsque j'ai mal et que je hurle. Même sans dire je t'aime je sais qu'elle nous adore, je me plaint sans cesse de son manque d'affection, mais si je ne reste pas pour l'apaiser qui le fera? Tous ces jours où elle devait faire des choix difficiles pour ne pas être larguer dans un pays qu'elle ne comprends pas bien, avec un mari aussi utile qu'un débouche évier. Après tous ces coups, ces cris et ses horreurs, je sais juste qu'elle ne savait pas comment faire pour s'adapter... Et puis, il y a bien pire que moi, j'ai encore mes deux parents.
Hier, en la voyant souffrir le martyr après une journée à récurer et faire les saloperies des autres, j'ai pleuré dans mon coin, je lui ai dit je t'aime maman en lui massant les pieds, elle a dit que j'étais une gentille fille, ça me fait crier depuis hier, j'ai comme une boule d'air pur dans le coeur, c'est aussi bon que de se soulager dans les toilettes. Je n'ai pas le droit de me plaindre, j'ai eu beaucoup de chance dans ma vie, du bonheur qui m'attends et je l'ai elle et lui, ça me suffit.


Photo de Mary Ellen Mark ©

Par atom-of-the-end le Vendredi 16 juin 2006 à 16:19
Ou alors quand tu commences à ironiser sur ton passé, ils pensent que tu en rajoutes, voir que fabules totalement histoire d'amuser la gallerie avec un humour déplacé. Peut être ne comprennent ils pas qu'on tire sa force d'où on peut, avec les cartes que la vie nous a distribué. C'est toujours plus facile de s'appitoyer que d'aller de l'avant. On n echange rien au passé, on peut au mieux tenter de le comprendre, et vivre avec. Si on peut mettre les autres mal à l'aise avec en prime, c'est encore mieux :)
Et puis rien n'est jamais tout noir ou tout blanc, on tire toujours un enseignement de ce qu'on peut vivre. Et ce enseignements font de nous ce que nous sommes aujourd'hui. Dans une optique très personnelle et sans entrer dans le détail, je suis heureux d'en avoir chier.
Par Paracelsia le Vendredi 16 juin 2006 à 16:23
Pareil. :D C'est ce qui transforme les gens, et ensuite c'est à nous de choisir la voie à suivre, soit tu t'apitoie toute ta vie en aimant te faire plaindre et t'enfermer, soit tu en rit et t'avances.
Par atom-of-the-end le Vendredi 16 juin 2006 à 16:48
on avait un bon exemple en matière la matière...un certain Anatheme ^^
Par deevee le Vendredi 16 juin 2006 à 17:01
Moi, je suis né chez les gens chez qui ta mère allait le matin et de chez qui elle rentrait le soir tard. Et quand je raconte mon enfance, que je prenais rendez-vous pour voir mon père dix minutes par semaine, que j'étais pas invité à fêter Noël si je n'avais pas la moyenne à un contrôle de maths, les gens font aussi une drole de tête. Ils se disent pas "pauvre petit deevee", mais ils font une drôle de tête quand même.
Même si privilégié parmi les privilégiés, même si ma famille "marche sur du parquet" depuis des lustres, je crois qu'on n'est jamais épargné rien. C'est une question de sensibilité. Et parfois je regrette mon enfance "privilégiée".
Parfois, j'aurais aimé être totalement épargné de tout.
Et parfois, certains épisodes de mon passé ne me fait pas rire du tout. Parfois.
Et souvent, moins il me fait rire, plus j'en ris devant les autres.
Mais c'est une attitude. Une protection. Même si mon passé a fait de moi ce que je suis.
Par celle-qui-tue le Vendredi 16 juin 2006 à 18:02
moi je suis normal dans la normalité une mere aimante un pere qui m'aime (meme si il a l'alcool mauvais) et ptit frere chieur mais que je pourais pas vivre sans lui moi jme plains pas de ma vie je n'en voi pas l'utilitée puisque j'ai eu une enfance heureuse mon plus beau souvenir (et quand je le raconte tout le monde me croit cinglée) c'est un jour ou mon pere plein comme une barique m'a giflée juste parceque j'étais a coté mais aprés il a regretter son geste et il ma dit pour la premiere fois qu'il m'aimait
moi je dit que les parents sont deboussolés et qui ne savent pas forcement ce qu'ils font mais c'est vrai comme dit "atome of the end" je suis heureuse d'en avoir chier on tire un enseignement de son passé et c'est grace a mon passé que je considere de tout a fait normal meme si sa peut faire loucher les gens que je suis ce que je suis et que je suis fiere d'etre ce que je suis


ps(com sur mon blog) la jolie miss sur la foto c'est celle -qui -tue pardi!!!
Par gloook le Vendredi 16 juin 2006 à 19:23
j'ai bloqué sur ton article je sais pas pouquoi. peut étre parce que ça m'a ému : tu décrits ta vie avec tellement de maturité ! la plupart des gens a qui je parle haîssent leurs parants juste parce que se sont leurs parants ! ton enfance peut choquer certaines personnes parce qu'elle ne ce rendent pas compte de la chance qu'ils ont. ils pencent que d'avoir deux parants et les moyen de tout ce payer c'est "normal" ils ne connaissent rien au monde qui les entour. ils ne s'interessent qu'a leurs façons de s'abiller et à leurs boutons sur la gueule ! moi j'ai eu une enfance manifique mais au moins je m'en rend compte.

Par vertemeraude le Vendredi 16 juin 2006 à 23:43
c'est sûr ça aide peut-être d'avoir souffert, mais cela devient dangereux lorsque cela manque de nous détruire.
cela dit, je suis d'accord avec le fait qu'il ne faut jamais s'apitoyer sur son sort. j'ai toujours trouvé révoltante la pitié. dégoutante.
Par CaLyPsO le Vendredi 16 juin 2006 à 23:56
j'accepte your proposition. on sera comme les deux gamines sur ton image :p DETENDU
Si le bonheur est sur ton chemin, que demander de plus !
Moi je ce que j'aime, c'est rire et avancer =)
Par Melampyre le Samedi 17 juin 2006 à 9:04
Mes deux parents sont équilibrés et bien dans leur tête...seulement la famille de mon père est bien différentes.
On allait déjà pas souvent les voirs mais a chaque fois un "incident" arrivait et ont repartait dans de mauvaise condition...cependant la dernièrement fois l'incident concernais mon frère, ce que mon père n'a pas accepter. Il a coupé les ponts avec sa famille...l'incident était assez grave, cela impliquait de la drogue.
Depuis quelque temps sa famille éssayt de renouer contact avec douceur. Comme quoi j'ai pas eu une enfance ttrop malheureuse bon il était un peut dure mais c'était pour nous apprendre la vie.
A par ça je ne me plaint pas trop je sais qu'il y a toujours des familles bien plus compliquée que la mienne.
enfin je me tais et te laisse continuer tes textes!
Famillialement, Takhisis Melampyre.
Par Plaiethore le Samedi 17 juin 2006 à 11:49
Certains s'enlisent dans leurs douleurs enfantines pour devenir des adultes souffreteux, frustrés et haineux (et c'est vrai que Anathème en était le parfait exemple), d'autres puisent de leurs souffrances d'antan une sève fortificatrice qui les guidera sans cesse vers le haut et la compréhension de l'autre et de lui-même.
Deux seuls choix possibles donc, la plainte morbide ou bien insipide, ou alors la vie comme on décide de la mener.
Ton choix est bon Miss.
Par Minor-Catastrophes le Lundi 19 juin 2006 à 10:03
C'est quand même vachement paradoxal. Ta mère t'as fait du mal mais tu l'aimes quand même, je trouve ça incroyable. Je fais partie de ces gens qui trouvent curieux que tes cousines et toi en rient. Moi j'ai été battue par ma nourrice (certes ce n'est pas comparable avec ce qui est écrit là) mais tout ce que j'ai en moi c'est de la colère. Je la reverrais, je pourrais la tuer.
Par may le Lundi 19 juin 2006 à 18:58
"Par Minor-Catastrophes le Lundi 19 Juin 2006 à 10:03
C'est quand même vachement paradoxal. Ta mère t'as fait du mal mais tu l'aimes quand même, je trouve ça incroyable. Je fais partie de ces gens qui trouvent curieux que tes cousines et toi en rient."
On aime toujours sa mère, elle a beau nous maltraiter ou autre, on l'aime même si on essaye de se persuader du contraire!

En tout cas ton histoire est troublante, pour quelqu'un comme moi qui vit dans un cocon protecteur (trop?), mais je ne m'apitoyrai pas sur ton sort, car je n'aime pas la pitié, et je pense que le but de cet article n'est pas là. Dans ces cas là, je ne dis rien...
Par etaindechute le Vendredi 23 juin 2006 à 8:07
Elle a peut etre du mal à exprimer ses sentiments, elle a surement tendance à les ref0uler, de peur d'aimer et d'av0ir mal en ret0ur... Ce n'est pas une ch0se facile que d'aimer...

Tres beau bl0g sur lequel j'ai passé un pti b0ut de ma nuit, vraiment interssant, j'ai presque t0ut lu, il m'a enrichie niveau culutre cinematographique et artistique (ph0t0s, illustrati0ns..), et de tres beau texte, je reviendrais ca c'est certain. Un vrai bij0u ce bl0g.

PS : Qu'elle est ta musique de f0nd car j'ai chercher si tu ne l'avais pas deja dit à une autre pers0nne mais je me suis rendue c0mpte que ce n'etait plus Flunk (tu m'as aussi fait dec0uvrir ce gr0upe d0nt j'ai ete sur leur myspace) mais je serais ravie que tu me dises qu'elle est ta musique actuelle.

Par Sparda le Vendredi 23 juin 2006 à 15:00
Je ne sais pas quoi dire en lisant ce texte, mais étrange passé quand même
Par titesorciereuh le Samedi 23 septembre 2006 à 14:54
Moi-même j'ai immigré ici avec ma mère, et je sais ce que ça fait que d'avoir une maman qui se bat pour que tu ne manques de rien, dans un autre pays, coupée de son passé.
 

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