Paracelsia

† La Madone Anthracite †

Mardi 10 mars 2015 à 13:40


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USA | 2014 | Un film de Justin Simien | Avec Tyler James Williams (Lionel Higgins), Dennis Haysbert (Dean), Tessa Thompson (Samantha "Sam" White), Kyle Gallner (Kurt), Brittany Curran (Sophie Fletcher), Marque Richardson (Reggie), Teyonah Parris (Colandrea "Coco" Conners), Brandon P Bell (Troy), Peter Syvertsen (President Hutchinson), Justin Dobies (Gabe), Brandon Alter (George), Keith Myers (Black Mitch), Naomi Ko (Sungmi), Malcolm Barrett (Helmut West a reality television producer), Kate Gaulke (Annie), Brian Curtis James (Martin)
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Ce film nom d'une pipe! Enfin! Ce n'est pas un film sur les gangs, les violences policières, ni sur le rap ou le r'n'b ni une énième comédie romantique ou de mec se déguisant en grosse mama black, ce film c'est un peu ce que j'attendais depuis The Very Black Show de Spike Lee où l'unique scénariste noir doit trouver une idée ou se faire virer et qu'il remet au goût du jour ces music-hall détestable où des acteurs blancs se maquillaient en "nègres" pour le public hilare et bien l'émission connaît un succès immense. Une satire qui tape sur le racisme ordinaire, pernicieux et très actuel. Dear White People est une satire pour moi, intelligente, drôle, intéressante où la caricature au final sert un propos sur l'intégration d'une communauté, doit-on s'adapter sans perdre de vue notre culture, où tout renverser pour une révolution.

http://paracelsia.cowblog.fr/images/dear1Capture.jpg"Dear White People" est principalement axé sur 4 personnalités, 4 étudiants qui se cherchent et avant d'être une histoire de couleur de peau c'est une histoire d'acceptation de soi à travers le regard des autres.
Sam est métisse et comme l'annonce un étudiant, elle serait le rejetons criard d'Oprah et Spike Lee, elle est radicale porte un regard critique sur les blancs, mais aussi sur sa communauté, au fil de l'histoire, on se rend compte qu'elle n'est pas une révolutionnaire qu'elle est attentive surtout au regard que l'on porte sur elle, on l'a érigé comme héritière de Malcom X sans qu'elle s'y retrouve, on se doute d'un complexe chez elle de son appartenance au "deux monde" sans satisfaire totalement l'un d'eux. Lionel est un jeune geek, vous savez, le pauvre gamin qui se fait constamment tapé dessus, car il n'est pas assez affirmé pour appartenir à un clan, Coco qui veut rompre avec ses origines, rêve de son prince charmant blanc, c'est l'une de ses filles sur-maquillés qui n'ont plus rien de naturelle (faux ongles, lentilles de couleurs, perruques) et veulent devenir célèbre. Troy lui, est un élève brillant effrayé par son père qui est le directeur de l'université et lui impose constamment la réussite, c'est celui qui plaît à tous, se fond dans la masse en faisant ce que tout le monde attend de lui. A travers eux, le réalisateur questionne surtout le rapport que l'on a avec soi, il n'est pas tolérable que l'on doive se gommer afin de satisfaire une quelconque exigence sociale ou communautaire. Comment ferait-on? Chacun de nous possède un caractère propre.
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 Je me suis tellement reconnue dans ce film, toutes ces caricatures qui existent sur les noirs, la violence qu'ils dégageraient, qu'ils sont incultes, qu'ils aiment faire du bruit, qu'ils aiment le poulet frit, les bijoux clinquants, des préjugés qui collent à la peau d'autant plus que la communauté continuent à véhiculer tout ça dans les clips, dans la rue, sur le net. Combien de fois ai-je entendu dire que j'étais noir qu'en apparence parce que je n'aimais ni les bijoux, ni le bruit, ni que la musique rap, que les films que j'aime sont trop chelou pour être appréciés par nous, que je n'étais pas de gauche, que je ne croyais pas en dieu, ni que je portais des fringues de "blacks" (ça je n'ai jamais compris hein faudrait m'expliquer parce qu'ils ne causent pas du boubou là).

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C'est un très bon film, drôle et accessible à tous. Le film prend un tournant décisif à la suite d'une soirée "Blackface" organisé par des étudiants blancs. Le réalisateur étant présent j'ai complètement été d'accord lorsqu'il a dit que le racisme était devenu sournois et structurel, on ne le dit plus trop et lorsque tu te plains tu reçois des critiques hallucinantes sur ta "paranoïa", ta "révolution qui fait plus de mal que de bien", que les noirs se plaignent toujours trop et qu'il faudrait cesser de faire culpabiliser les autres. Comprendre que lorsqu'on ne te traite pas publiquement ou avec virulence, de négresse, de nouache et de bougnoules, tout le reste peut passer voyons, les gens blaguent.
"Vous les noirs, vous êtes tout le temps de bonne humeur, c'est la musique de ton pays! Danse! Vous avez le sport, le chant et la danse dans le sang etc etc etc..." Je crois que le pire truc que l'on m'ait dit c'est "C'est fou, vous parlez comme nous, vous vous êtes bien adaptée". L'autre côté dans "ta" communauté ce n'est guère mieux, entre la bounty, traitresse, "tu parles comme eux wesh", "tu fais ta blanche tu crois pas en Dieu" (bordel, tu crois que tes ancêtres qui ont été évangélisés de force ont eu le choix), "le rock'n roll c'est pas pour les noirs" (vas dire ça à Robert Jonhson et les autres qui l'ont inventé et qui étaient noirs) que dire lorsque tu OSES sortir avec un blanc... En fait il faudrait pour plaire aux tiens et aux autres rentrer dans le moule que l'on t'as préparer, penser black, respirer black, manger black, parler black, le reste ce n'est pas pour toi, reste à ta place... Oublie qu'à la base tu as une PERSONNALITEE et une SENSIBILITEE rien qu'à toi. Pourquoi je devrais cracher sur mes ancêtres qui ont tellement lutté pour m'offrir la liberté d'être reconnu simplement comme un Être Humain et de vivre libre? Je ne peux pas connaître, aimé l'Histoire de ma communauté sans être ce que je suis, c'est - à -dire Moi? Faut-il être plus black que black, est-ce une compétition pour savoir si tu mérites ta couleur? Je dois choisir un foutu camp à la con? Putain je suis très fière de ce que je suis.
Bon sang! Tu te dis que tes gosses vont certainement morfler vu comme ça régresse... "Il y a une chose que le public aime plus que les noirs incultes, ce sont les blancs tarés et racistes". Tellement d'exemples qui font que ce film c'est certain sera dans mon top de cette année. Fort heureusement tout le monde n'est pas à mettre dans le même panier, bien heureusement, il y a juste des gens courageux, bon, sincère et qui refusent qu'on les réduise à une couleur.

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"On devrait voir des gens de couleurs et des minorités dans tous nos films. Le cinéma d’auteur est en grande majorité représenté et fait par des Blancs, et j’ignore pourquoi. Cela ne représente pas les Etats-Unis ni le goût des Américains"
Justin Simien

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PS: Mention spéciale à la salle de spectateurs couillons qui étaient à la limite de l'horreur lorsqu'un baiser entre deux hommes est échangé (cris d'indignations, hurlement, menaces verbales envers l'acteur, dégoûts etc...) heureusement que vous avez BIEN compris le message de tolérance hein! Encore un gros effort...

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Mardi 3 mars 2015 à 14:47

http://paracelsia.cowblog.fr/images/ZdzislawBeksinski-copie-1.jpg"M'avaler de larmes contre ta peau, le velours de tes yeux sur moi, ce qui me transperce et me brûle jusqu'à couler au fond de ma gorge, c'est toi tout entier. La soie de tes mains glisse sur mon corps. Je respire, transpire de vagues jusqu'à l'affolement total, et je m'agrippe à toi, car je ressens la sensation d'être perdue sans avoir peur de l'être à jamais, et tu pénètres doucement l'antre de chair, cette chaleur que tu désires. Ma langue aime s'égratigner à la naissance de ta barbe. J'étouffe alors, lorsque tu creuses au plus loin de moi, aussi profondément, aussi vite que tu le peux. Je voudrais mourir lorsque tu grognes entre ma poitrine. Je t'aime mes larmes sur ta langue, les yeux dans ton néant, la folie entres mes reins."



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Illustration de Zdzisław Beksiński ©

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