Paracelsia

† La Madone Anthracite †

Lundi 23 décembre 2019 à 20:00

http://paracelsia.cowblog.fr/images/LeslieAnnODell3.jpg"Le ciel est extrêmement silencieux aujourd'hui, à travers la baie vitrée aucun nuage ne me distrait. Je me sens comme ces choses creuses qui se doivent de figurer sur un portrait solennel. Je m'ennuie tellement que j'ai envie de retourner me coucher. Ce matin, je l'ai regardé déserter notre lit comme si j'étais de l'autre côté d'un écran de cinéma. J'étais spectatrice chaque jour de ce départ qui ne me touche plus. Le film de ma vie devrait être réalisé par John Cassavetes, j'exigerais la place de Gena Rowland sous influence et je perdrais la raison encore et encore. Je suis saturé de vivre comme un objet posé là dans cet immense appartement et de ne plus me reconnaître. Je l'espère sans l'attendre, je ne sais plus où aller sans lui. Ceci est mon interprétation éternelle ; je suis son animal domestique. Je me figurais que nous serions un couple au-dessus des autres, heureux de se chercher à chaque instant, dévoré encore de plaisirs et toujours passionnant. Dorénavant je ne sais plus trop ce que cela signifie, pourtant ça me ronge tellement de ne plus rien sentir, je me suis faite avoir. 

C'est lorsque je reste seule dans ces pièces silencieuses et bleutées que je découvre que je ne possède quasiment plus rien. La peinture sur les murs, les plantes, les meubles tout est agencé et décidé par lui. Je fouille régulièrement dans sa boîte à vinyle, car il ne tolérait aucun autre support et je n'y trouve que de lourdeurs et de gravité. Il appréciait les choses que presque tous trouvaient assommant, mais tant que Brahms le faisait bander pour moi cela me convenait. À présent, il se pose dans son fauteuil favori comme un vieillard sclérosé puis écoute les yeux fermés la voix de Montserrat Caballé. Certainement, que le doigt qu'il maintient suspendu dans l'air est le même qu'il voudrait s'enfoncer profond à chaque pianissimo. Lorsque fiévreuse, je me colle à lui et qu'il me repousse sagement, je constate toute l'arrogance d'un personnage qu'il a été de tout temps. Mon mari a apparemment sans cesse généré la frustration, je n'ai été qu'une distraction divertissante avant qu'il ne me façonne à sa convenance.

Ainsi, il me pétrifie dans sa maison de poupée et je suis punie d'être devenue respectable. Dans ses moments où cet homme s'efforce de m'ignorer comme l'accessoire que je me dois d'être, je me fige. Je traverse du bout des doigts la constellation des veines de mon poignet et mime la coupure.

Ce matin, Monsieur mari a coulé ou mimer un regard attendri à sa femme poupée qui lui a chier son café, puis il est parti travailler après un baiser inexistant. Poupée a donc comater devant Netflix face à certaines séries aberrantes où d'autres poupées s'étiolaient aussi de ne plus être désirés. Alors elles avaient le ventre rond puis souffraient de baby-blues, puisque mari devenait encore plus arrogant que ce putain de karma. Poupée finissait par pleurer et allait se coucher dans sa chambre turquoise qui lui donnait des envies meurtrières. Mari rentrait généralement pour manger, il appréciait la viande saignante et elle lui donnait bleue pour qu'il s'étouffe. Malheureusement, il aimait ça aussi. Il repartait une heure après. Pas d'étreintes brûlantes, juste un baiser moisit sur cette putain de bouche qui avait faim de chaos. Et jusqu'à la nausée, ce scénario se répétait tous les jours.

À la fin de ces journées interminables, l'enfer de mon désarroi se manifeste lorsque je me gratte. Chaque centimètre de peau était furieusement attaqué, comme si des milliers d'insectes pénétraient les limbes de mon corps anesthésié. Mes doigts arrachent les vieilles croûtes. Il fallait que je sorte, j'avais besoin de ne plus me trouver là, il me fallait de la vie, je n'en pouvais plus de cette tranquillité.

_ Putain ! Je ne suis pas morte. Je ne suis pas dans un putain de feuilleton, j'ai hurlé de toutes mes forces.

Poupée s'est jeté dehors pour sa survie. J'ai écumé les rues sans savoir où atterrir, juste pour le plaisir de déambuler et voir le ciel se ternir. Le vent a soudain planté ses épines dans ma chair ravivée. Mon cœur est est en fusion et je ne peux joindre personne, Monsieur mari pour mon bien à éloigner mon passé. Je reste immobile dans des coins de rues que je ne reconnais plus, je dors depuis si longtemps ? Tout d'un coup, j'ai la tête qui tourne et cette impression de devoir exploser ; _ Voyons Poupée ! Tu ne peux plus appartenir aux autres, ni à toi d'ailleurs. Je vais devenir ton univers, ai je éructé dans une impasse vide.

_ Intéressant ! Tu cites une pièce ?

Je me croyais seule, mais voilà qu'un homme accolé à un lampadaire avait surgit de nulle part. Une espèce de grand épouvantail affublé d'un long manteau noir et d'un masque effrayant qui lui couvrait uniquement la bouche. J'ai dû lui paraître très effrayé car il l'enleva.

_ Ca va mieux ? L'homme s'avance vers moi plein d'assurance et me fait la bise.

_ Morgan et toi ?

Mais bordel dans quel monde, on se permet d'aborder un inconnu avec tant d'assurance et de sans-gêne ? Pourtant, loin de m'affoler, je suis resté étonnement calme. Je suis entièrement absorbé par ce regard lumineux, deux lapis-lazuli me transperçait là au milieu d'un quartier qui m'était étranger. Sans doute que j'avais trop bu, qu'un tel regard ne pouvait être qu'un jeu de lumière entre l'ombre et l'éclairage du poteau. Morgan avait de très longs cheveux cuivrées et un sourire stupide qui le rend tout de suite sympathique. Il sautillait d'un pied à l'autre en fredonnant quelque chose que je ne reconnais pas.

_ Je m'appelle Marylène... On peut aller chez toi ?"

Illustration par
Leslie Ann O'Dell ©

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Lundi 9 décembre 2019 à 18:05

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EXPLICIT CONTENT
EROTIC STORIES
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"The noise is deafening. There is an almost sacrilegious atmosphere in this carnival of monsters, of deserters of love, of flesh enthusiasts, of unconditional fans lost in their own fantasies and I don't know how to define or imagine myself anymore. I just play along. Here, like so many others, I call myself anonymous, I entertain the myth, I rekindle bodies, I spark passion. As soon as he's there – as soon as he seems to be nearby, my name is whore, my soul is intoxicated and my legs closed. I squeeze my thighs in the perfect illusion of having him still inside me and holding him there. The sound system is unleashed, the music is frightening. My love has washed up far away from me near a naked shadow, who feverishly stretches her whole body to the tune of a melancholic melody. A young brunette with milky skin that glistens when the light shines feebly down upon her. I can understand desiring her – this lustful dance arouses him, but he doesn't touch her. I watch him close by, a cigarette jammed between his lips, squinting through the curls of smoke, his smooth hair worn up in a careful bun.


Tonight he is singularly effeminate. He leaves traces of lipstick on his drink which he ends up offering to the dancer. She approaches him, holding his gaze which has finally conquered her. The creature is already at his feet, now obscene. She presses herself to his insistent leg. I stand up in protest, but the other one holds me back; the other sits me back down against him, places my hand back on the seam of his pants which begin to burn me. The other holds me as tight as he can, his arm wraps around me from behind and I feel his heated breath upon my neck. He whispers for me to look. My love doesn't resist. The young girl is acting like a bitch in heat, a beast in agony – she caresses the canvas of his trousers with her face, sniffing and searching. I even feel bad for her because of how long this game is dragging out. He stays still, and the cigarette burns out without him obliging her. The beast on the ground is me, begging for a piece of him. The other one is still holding me against him, implacably, so tightly my chest is hurting. I feel the tip of his warm tongue stirring against my right earlobe. It's so loud I'm in suffocating agony. The music is drilling into my eardrums and yet I can hear his whispers. I uncross my legs and let myself go, forgetting where I am, my eyes still fixed on the spectacle of the girl's degradation. My love grabs her by the hair and thrusts her face into his groin. She doesn't put up a fight as he asphyxiates her between his thighs. I am hypnotised. I find him majestic, I have a thousand thoughts on the cusp of my desires – my body drawn to his, prisoner to another. Look at me, look at me! One hand slips around my stomach. I must be desirable because everyone is watching me, even him. His eyes finally find my own. The pressure on the young girl is no longer necessary. I win. I'm the one who intrigues him. My love discards his toy and turns to us. He walks towards me like in a movie, with ghostly skin, piercing eyes and a wolfish smile, and still with that cigarette that never seems to end. My heart is struggling not to implode and the other one whispers for me to surrender, to calm down. He thrust himself inside me and spreads me out with his other hand and I let him, intoxicated by his approach, quietly sat on the other's lap – who clings to me, lubricates me, whispers cravings in my ear.

My love approaches in slow motion, and time seems to stop as he moves through the crowd, holding my gaze. His eyes are shadowed with kohl, lips smeared in red. He stubs his cigarette out on the table and closes the distance between us. Pressed up between these two men, crushed, coveted, I am seized with convulsions when he also thrusts inside me with his peaceful eyes. The whole tempo changes, the music is now thumping inside my head, he moves against me to the rhythm of the percussions, grazes my lips with his own. I feel like I'm there without being there. The storm goes through my body, paralyses my feet; my nails clutch the arms of the chair. I have tears in my eyes. Wetness runs from my cotton dress and down my thigh. I feel his hands against the skin of my neck, he slips his tongue inside my mouth, tightens his fingers and devours me like the other. I can't close my eyes because he's right there on me, the intensity of his gaze overwhelming me. The sound of the nightclub is soon joined by our rabid gasps and my cries. I literally climax against them. I can't breathe anymore.

What's a woman like you doing with those two, my mother kept asking me. Love, that's all. I was madly in love with Ezra – with his looks, his way of smoking as if he had the most desirable thing in the world between his lips and the way he stared at you with that fire in his eyes. I bury myself underground, I crawl underneath him for his gaze, I starve myself, I belittle myself loving him and sharing him. I'm the odd one out, the debased one, the cheese in the bread. I delight in seeing them intertwine. Just like I despise Baptiste for making him come instead of me. Yet I stay. I persist. I lose myself between these two to love him and suffer the other, to get fucked by them, to coddle them and be that "fag's whore" that everyone hates and gives the side-eye to. I prefer to think that I was chosen. That one year ago, during a dinner party for an exhibition, their eyes landed on me and my high heels and they elected me together. The trap closed around Ezra's eyes and kisses, the venom administered through Baptiste's words and caresses.

I get my breath back. Outside, it's night-time on the capital, the streets are dark and silent. I stagger after them until Ezra stops to talk to me – but I can't hear him, I'm exhausted. Baptiste lifts me up from the ground and heaves me onto his back like an old piece of luggage, then they continue on through the concrete. They don't live too far away. My eyes are burning, but I keep them on Ezra – my love – who's smoking again, the cigarette butt hanging from his lips, the scarlet lipstick has dribbled onto his chin. He smiles to himself, then approaches Baptiste to blow some smoke into his mouth and kiss him. I end up falling asleep. 

The apartment is swelteringly hot. Baptiste has gently lowered me onto the bed and opens the window; he stays there a moment to contemplate the invading lights of the city, the sounds of the few taxis trundling through the dark. Ezra joins him, completely naked. I didn't see him take off his clothes. My love nonchalantly runs his hand through his lover's tousled hair, caresses his face and languorously kisses him. He and Baptiste embrace and I'm ashamed not to be against them. Dimly I watch these two and their little game, consumed with jealousy. Ezra pulls his hair, bites his neck – and it's then that Baptiste surprises me. He stops Ezra and smiles at me. Together, they turn to me with a teasing pout. I'm a poor equation, sulking from being left out. You're not tired? asks Ezra. Lying down next to me, he grabs a joint from behind his ear and lights up. Baptiste undresses himself completely, sits on Ezra and breathes in the smoke with his eyes closed. They keep this up in a way that's so intense it drags me out of my lethargy. I want to join in, too. I slide over to them, as Baptiste sucks it all in to breathe it out over my face. Once the vapour clears, he kisses me. I am numbed by all of this. Two men against me, their breath on my face, hands all over me – all is now surreally delicate. Baptiste removes my dress and I discard my underwear to feel them shivering against me. All night I've thought only of them, of feeling their heat against my naked skin, their cocks a blazing furnace against my thighs. They caress each other until I jerk Ezra off. He kisses me furiously, whispers that he's going to hurt me very much. Baptiste rips me away from him by dragging me violently by the hair, lays me down beneath him. I beg him to let my love do it, but he stubborn – lies down on top of me, teasing his penis at the entrance of my vulva. Ezra is behind him watching me, kissing his lover's neck. I try to break free and join him, but together they're both heavy on me. Ezra presses a finger to his lips to silence me, and lies down against me to watch us. I suddenly see Baptiste slipping himself inside without entering me. I encourage him, offer myself to him, even as he pulls away, breathless. Ezra stretches out beside me, as Baptiste leaves me. He lies down on top of Ezra and kisses him. They jerk each other off – very gently at first, then faster and faster. Together their breathing becomes a sound unto its own. I'm completely wet now. My hand seeks and finds, rubbing my clitoris with the end of my finger. I come first. Baptiste and Ezra place themselves either side of me then wrap their arms around me. I'm shuddering from head to toe as they spread my legs to thrust their extremities inside me, each stifling my screams by taking it in turns to kiss me. I feel myself becoming more than a toy. I want more, I want them just for me, I want them inside me. Something violent stirs in the pit of my stomach, making me dizzy. My love calls me, tells me to come to him.
For one brief moment we are against each other, alone. He penetrates me, his eyes not leaving mine, pulls out a bit, then thrusts again. I love him, I burn against him, I blaze against Baptiste who embraces me from behind. I find myself once more in my position of choice – squeezed between two hearts. They join together in me, their dicks nestling inside me. I hold on to Ezra. Baptiste is clutching me so hard I feel like I'm melting inside him. I try to breathe. I enjoy being like this; between pain and pleasure, mingling together with such violence that I'm begging them not to stop.

Ezra grabs Baptiste. My head is buzzing. The night is only starting for the three of us. Please don't move, keep us together, like this, just for a moment, nice and warm. You're making us hard."
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Photography by Cam Attree ©

Jeudi 12 septembre 2019 à 13:45

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Ce matin, je m'étire au fond de mon nid recouverte de draps colorés, seuls mes yeux fixent les rayons du dehors qui s'étendent vers mon regard. J'entends les chœurs emplir les coins sombres du salon ; s'élève comme un enchantement le Rejoice in The Lamb de Benjamin Britten et je sais qu'elle est déjà prête. J'ai envie de m'enfoncer dans mon lit, j'aspire à fuir tout ceci. J'ai la folle espérance de m'endormir à nouveau et m'éveiller dans un autre monde, cet au-delà où je pourrais la garder avec moi pour toujours. Perdues dans l'avenir, révolu pour elle, nous ne ferions plus partie de cette mascarade.

 

Parsie arrive face à moi, parfaite comme à son habitude. La démarche haute, les cheveux tirés en arrière à l'extrême, la robe noire remontée jusqu'au cou qui lui donnait l'air d'une épingle. Elle est entrée sans un bruit et s'est assurer de longer les murs sombres de ma chambre pour s'y confondre, s'y perdre, c'était là son unique satisfaction ; pouvoir se fondre dans le décor. Toute cette attention dont le monde la gratifiait ses derniers temps l'épuisaient énormément. Plus pour très longtemps ai-je songé.

 

Elle ouvre grand, entrouvre sans ménagement les pans des épais rideaux et laisse la lumière me submerger entièrement. Parsie me dévisage, complètement fasciné par le fait que le soleil n'a aucune emprise sur ma peau et ne l'affecte pas. Je sors de ma cachette pour le rituel.

 

_ Qu'est-ce que tu vois ? Me demande t-elle dissimulé derrière l'étoffe.

 

Je plisse légèrement les yeux. "Dehors" ressemble à une fournaise. Je m'approche un peu vers le cadre chatoyant afin de m'habituer totalement au jour.

 

_ C'est une coulée de lave qui embrasse le monde, j'exagère à peine.

 

_ J'aimerais entrevoir cela. Je voudrais aussi sentir cela.

 

Cinq étages plus bas, j'entrevois l'échafaud, cinq mètres au-dessous de nous, je maudis son cercueil. Je n'en dis rien.

Parsie attends dans la douleur et trépigne d'impatience. Je reste longuement, le plus tard possible à absorber la chaleur qui transperce la fenêtre jusqu'à ce qu'elle ferme les rideaux brusquement et se rue vers moi affamé. Elle me jette au sol en éructant de plaisir. Son visage émacié si paisible se métamorphose. Sur sa figure translucide, striée de veines verdâtres apparaissent des écailles menaçantes, ils se mettent à frétiller dès qu'elle me touche. Sans ménagement, elle me lèche, me renifle de façon indécente et j'aime cette horreur qui finit par s'illuminer de la fièvre sur moi. Sa peau devient petit à petit diaphane, ses yeux noirs s'ajustent aux pupilles vert émeraude et ses veines disparaissent cédant la place à ses écailles iridescent et doux.

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Illustration by Travis Anthony ©

Jeudi 12 novembre 2015 à 17:26

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Le bruit est assourdissant. Il y a comme une atmosphère de sacrilège dans cette foire aux monstres, des déserteurs de l'amour, des passionnés de la chair, des inconditionnels perdus dans leur fantasme. Je ne sais plus comment me définir ou m'imaginer, je joue simplement le jeu. Ici, comme tant d'autres, je me nomme anonyme. J'entretiens le mythe, je ravive les corps, je déclenche la passion. Dès qu'il est là, dès qu'il semble être dans les parages, mon nom est putain, mon âme est saoule et mes jambes closes. Je serre les cuisses comme l'illusion parfaite de l'avoir de nouveau en moi et le retenir. La sono se déchaîne, la musique est affolante. Mon amour s'est échoué loin de moi près d'une ombre nue qui étire tout son corps fiévreusement sur une mélodie mélancolique. Une jeune brune à la peau laiteuse et scintillante lorsque la lumière s'attarde faiblement sur elle. Je comprends le désir pour elle, cette danse lascive l'excite, mais il ne la touche pas. Je l'observe près d'elle ; la cigarette coincée entre ses lèvres, les volutes de fumée qui lui font plisser les yeux, les cheveux lisses et soigneusement remontés en un chignon parfait.

Ce soir, il est singulièrement efféminé, il laisse des traces de rouges à lèvres sur son verre qu'il finit par tendre à la danseuse. Elle s'approche de lui, soutient son regard qui achève d'avoir raison d'elle. La créature est déjà à ses pieds, obscène à présent. Elle se colle à sa jambe pressante, je me redresse en signe de protestation, mais l'autre me retient, l'autre me fait rasseoir contre lui, il détend ma main sur la couture de son pantalon qui se met à me brûler. L'autre me sert aussi fort qu'il le peut, son bras m'enlace par-derrière et je sens son souffle chaud contre mon cou, il me chuchote de regarder. Mon amour se laisse faire, la jeune fille se comporte comme une chienne en chaleur, un animal en souffrance. Elle caresse son visage contre la toile de son pantalon, elle renifle et cherche, j'ai même de la peine pour elle, car ce jeu s'éternise, il reste immobile, la cigarette se consume sans qu'il ne l'exauce. Ce gibier à terre, c'est moi, je supplie pour un morceau de lui. L'autre me tient continuellement contre lui, j'ai la poitrine en feu tellement il m'enserre, implacablement. Je sens l'extrémité de sa langue s'échauffer contre le lobe de mon oreille droite. Je m'étouffe jusqu'à l'agonie tellement c'est inouï. La musique vrille mes tympans pourtant, j'entends ses chuchotements, je desserre les jambes, je me laisse aller oubliant l'endroit, les yeux toujours rivés sur le spectacle de sa déchéance à elle. Mon amour lui attrape les cheveux, enfonce son visage dans son aine, elle ne se défend pas lorsqu'il l'asphyxie entre ses cuisses. Je suis hypnotisé, je le trouve majestueux, j'avais mille pensées à l'orée de mes désirs, mon corps tendu vers lui, prisonnier d'un autre. Regarde moi, regarde moi! Une main se glisse à l'intérieur de mon ventre, je dois être désirable puisque tous m'observent, même lui. Ses yeux se posent enfin sur moi, la pression sur la misérable n'est plus utile, je gagne, c'est moi qui l'intrigue. Mon amour délaisse son jouet et se tourne vers nous. Il avance vers moi comme dans un film, le teint diaphane les yeux transperçant, le sourire carnassier et toujours cette cigarette qui ne semble plus avoir de fin. Mon cœur lutte pour ne pas imploser et l'autre me chuchote de me rendre, d'être plus calme. Enfin, il s'enfonce en moi et m'écartèle de son autre main, je me laisse faire enivrer par son approche, assise sagement sur les cuisses de l'autre qui s'accroche, me lubrifie, me chuchote l'envie.

Mon amour s'avance au ralenti, le temps s'arrête lorsqu'il se meut parmi la foule, il me tient du regard. Il a les yeux cernés de khôl, le rouge aux lèvres. Il écrase sa cigarette sur la table et se colle à moi. Me retrouver prise entre ces deux hommes, écrasés, désirée, je suis prise de convulsions quand il s'enfonce aussi en moi. Ses yeux paisibles me bercent, le tempo tout entier change, la musique cogne à présent dans ma tête. Il remue sur moi au rythme des percussions, m'effleure les lèvres avec les siennes, j'ai l'impression d'être là sans y être, l'orage me traverse le corps me paralyse les pieds, mes ongles s'accrochent aux bras du fauteuil, j'ai les larmes aux yeux, ça coule au fond de la toile de coton et le long de ma cuisse. Je sens ses mains contre la peau de mon cou, il engage sa langue dans ma bouche, serre les doigts et me dévore comme l'autre. Je n'arrive pas à fermer les yeux parce qu'il est là sur moi, l'intensité de son regard me bouleverse, au son de la boîte s'ajoute nos soupirs enragés et mes cris, je jouis littéralement contre eux, je n'arrive plus à respirer.

http://paracelsia.cowblog.fr/images/3/2617988.jpg Photographie by Laura Makabresku ©

 

Mardi 13 octobre 2015 à 16:46

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Il me semble me souvenir d'un parfum entêtant qui me ranimait près de toi, une odeur si obsédante que je n'aurais pour rien au monde voulut quitter ce nid, que tu ne t'en ailles plus de moi et qu'à jamais tu t'enivres au fond du puits, le remplir et m'étouffer sous tes mots. Il me semble que l'amour n'avait aucune place et n'effrayait pas encore nos maux, que la faim et la supplication faisaient partis des amusements délicats et violents de ces jours si clairs. Il était doux de te regarder faillir et t'amuser de mes inconvenances, tes yeux me poussant toujours plus loin aux envies nouvelles. Il me semble que j'avais envie de te baiser tout le temps et que c'était une récréation plus qu'une aversion, que le danger n'avait aucune résonance et que seul le défi emportait tout sur son passage. Suis-je devenue une autre mon très cher pianiste, sommes-nous devenus terne au point de tenter de nous oublier? Qui étions-nous avant que la vie nous rattrape...

http://paracelsia.cowblog.fr/images/NetLigne37.jpgIllustration by Rebecca Yanovskaya ©

Mardi 3 mars 2015 à 14:47

http://paracelsia.cowblog.fr/images/ZdzislawBeksinski-copie-1.jpg"M'avaler de larmes contre ta peau, le velours de tes yeux sur moi, ce qui me transperce et me brûle jusqu'à couler au fond de ma gorge, c'est toi tout entier. La soie de tes mains glisse sur mon corps. Je respire, transpire de vagues jusqu'à l'affolement total, et je m'agrippe à toi, car je ressens la sensation d'être perdue sans avoir peur de l'être à jamais, et tu pénètres doucement l'antre de chair, cette chaleur que tu désires. Ma langue aime s'égratigner à la naissance de ta barbe. J'étouffe alors, lorsque tu creuses au plus loin de moi, aussi profondément, aussi vite que tu le peux. Je voudrais mourir lorsque tu grognes entre ma poitrine. Je t'aime mes larmes sur ta langue, les yeux dans ton néant, la folie entres mes reins."



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Illustration de Zdzisław Beksiński ©

Vendredi 6 février 2015 à 16:06

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Il y a une semaine, mon recueil de Nouvelles est sorti par le biais de la maison d'Edition "La Société des Ecrivains", il est en vente sur le site. Le Recueil fait 148 pages environ, certaines nouvelles ne sont pas à mettre entre toutes les mains, pour le Cycle de Polly qui avait tant plût il apparaît sur ce receuil.


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Photo de Zap Ann ©
Couverture du Livre par FéeBrile ©

Mercredi 26 février 2014 à 13:52

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"Pour ma Mimi étoilée, ma Marcia éreintée, mon Michelet apaisé, ma blondeur Zap étiolé, mon amour farouche aux billes braisées dans leurs orbites ensoleillés, à ma nourriture illuminée qui me fit naître, mes amours transits, aux beaux mots, aux couleurs cendrées et éparpillées, à ma Zoubida au sourire sans pareil, mon Axelle apprivoisée, mon Monsieur Œuf adoré, aux photographes écorchés et ma perversion imagée, ma FéeBrile de tous ses feux, mon trésor aux jours naissants, à tombeaux mes chevaliers aux ronces mes princesses…"

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Samedi 21 juillet 2012 à 23:55

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Il y a une semaine, mon recueil de Nouvelles est sorti par le biais de la maison d'Edition "La Société des Ecrivains", il est en vente sur
le site. Le Recueil fait 310 pages environ, certaines nouvelles ne sont pas à mettre entre toutes les mains, La Nouvelle ci-dessous n'apparaîtra pas, car elle peut heurter la sensibilité des gens, mais les autres sont à peu près du même acabit. Pour le Cycle de Polly, il sera sur le deuxième recueil .









http://paracelsia.cowblog.fr/images/1170891675225375840974667539384n.jpgSOCIETE DES ECRIVAINS

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                                                                                                            Photo by Patrick Jannin ©
                                                                                                      Couverture du livre par Zap Ann 
©

Mardi 5 juin 2012 à 15:10

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