Paracelsia

† La Madone Anthracite †

Dimanche 30 avril 2006 à 14:39

Tableau de Jean Rustin ©


Les aiguilles te transpercent
Peaux qui se fanent
Porcelaine qui se perce
Fleur de sang qui saigne.

Mignonne tête d'épingle au rouge pétales
Qui trouent la chair et se perlent en douceur
De ses billes écarlates et ses larmes qui s'étalent
As-tu si mal en dedans pour comprendre la douleur?

Asphixie du corps et désir éméché
D'une peau qui s'élève
De ce visage à peine lissé
Suinte de sa peau piqué la rouge sève.

Yeux opales de chat d'une couleur indécise
D'une souffrance se transforme une passion
Au delà de tes larmes et errances imprécisent
Ma drogue qui se lasse de ne plus vivre de fictions...

Paracelsia ©

Vendredi 28 avril 2006 à 16:44

Illustration de Jason Chan ©

C'est une réflexion, garder là au fond de votre imper démesuré,
votre coeur est poids plume sur un ring où se débattent vos victimes.
Soyez un bout de charbon, qui ne saigne pas, qui ne saigne plus,
et frapper de toutes vos forces l'avatar qui se veut nommer humanité.
 

C'est un mensonge, clouer le, au fond de votre gorge grouillante de vices,

votre âme est la beauté dans l'horreur où se martyrisent vos amis.
Soyez un bout de miroir, qui ne hurle pas, qui ne hurle plus, et sectionné de toute votre conscience la veine obscure qui se veut nommer perfection.

 
C'est une tristesse, greffer la, au fond de votre coeur émaillé,
votre peau est la paroi sensible de ces caresses carnassières.
Soyez un bout de cadavre, qui ne mange pas, qui ne mange plus, et adorer de toute votre âme le mot sinistre qui se veut nommer affection.

 
C'est une maladie, amputé la, au fond de votre ventre exsangue,
votre visage est une carte indicible où se cherche la solitude.
Soyez un bout de mélodie, qui ne s'entend pas, qui ne s'entend plus,
et tranché de toute votre peine la langue perverse qui se veut nommer plaisir.

 
C'est une fente, violer la, au fond de votre culpabilité,
votre bouche est un canal maudit où se mélange l'acide de la jouissance.
Soyez un bout de chair, qui ne s'effrite pas, qui ne s'effrite plus,
et briser de tout votre coeur le tabou exhaustif qui se veut nommer désir.
 

C'est une séquelle, gratter la, au fond de votre maladresse,
votre main est un pansement malhabile où se perdent vos infections.
Soyez un bout de croûton, qui ne pourrit pas, qui ne pourrit plus,
et danser avec toute votre haine sur ce crime doucereux qui se veut nommer réalité.


Paracelsia ©

Jeudi 27 avril 2006 à 12:09

Ce matin, je regardais ma mère au loin qui venait vers moi en me faisant des signes et j'ai eu les larmes aux yeux. Je les ait très vite séchés avant qu'elle n'en s'en rende compte.
Malgré les coups, la violence physique, verbale, les humiliations qu'elle m'a faite subir plus jeune et enfant, je n'ai jamais cessé de l'aimer.
Curieux mélange de haine et de brutalité qui ont rythmé de nombreuses années de ma vie. Pourtant, maintenant que j'ai fait la paix avec elle, je ne peux toujours pas lui dire "Je t'aime tant, tu es la femme de ma vie", elle me toiserais sûrement et me traiterait de conne. C'est que dans notre famille, l'affection et la tendresse ne sont que de simples mots de vocabulaire.


Mardi 25 avril 2006 à 14:18

Âmes Perdues de Poppy Z.Brite (1992)
Editions J'ai Lu en 1999
6 Euros - 380 pages
Avis: Séduisant, sombre, sanglant...

Pour ceux qui aiment les histoires de vampires ou les romans d'Anne Rice, voici le roman gothique (je dit bien gothique hein, pas goths) moderne voir plus que moderne, qui coupe avec le mythe du vampire romantique que Miss Rice a exploiter plus que de raison, ainsi le vampire retrouve son état premier, celui d'un être égoïste assoifées de sang, beau dans la démesure et par sa beauté surnaturelle, incroyablement sans pitié. Nothing a quinze ans et il se sent mal à l'aise, ce malaise n'est pas dû au fait qu'il soit un adolescent, mais parce qu'il ne supporte plus la vie bien rangé de ses parents adoptifs, il décide de s'enfuir pour trouver ses véritables origines, il part à la rencontre des Lost Souls, le groupe qui bouleverse son âme. Lorsqu'il est pris en stop par trois voyous nommés Zillah, Molochai et Twig, drogués et buveurs de sang, le jeune homme va s'apercevoir que, comme eux, il est un vampire…

Hum, pour être brève, c'est un roman qui m'a beaucoup émue, Anne Rice qui en fait des tonnes passe pour une écolière face aux vampires modernes de Poppy Z. Brite. Dans la violence et la haine, surgit un romantisme et un état de grâce qui vous fait fondre. Le personnage de Nothing est le plus marquant, il fait passer Lestat pour un petit foireu de vampire à jabot. Renversant les mythes enchantées du vampire romanesque, Brite nous plonge aussi dans l'ambiance de la musique New Wave qui fut à l'origine du mouvement gothique des années 80 (avant son renouveau d'aujourd'hui que j'appelerais plutôt assombrissement), hommage à Peter Murphy et The Cure, aux codes vestimentaires et bien d'autres, on aime à la folie suivre Zillah et sa bande ainsi que Ghost et son cher Steve.
A lire d'urgence ainsi que "Eros Vampire", "Contes de la fée Verte", "Sang d'encre" et surtout "Le corps Exquis".
Pour les mordus d'histoires sombres et vampiriques qui souhaiteraient arrêter de citer Rice et de s'en gaver, vous avez cette excellent site qu'est Oxymore, j'y ai acheté les deux volumes d'"Exhumer l'ombre" et "Enterrer L'ombre"... Fascinant!


Extraits:
"Jamais elle ne sut qu'il s'appelait Zillah, jamais elle ne sut comment elle se retrouva couchée tout contre lui dans l'arrière-salle du bar de Christian. Elle sut seulement que son visage était maculé de sang, que ses doigts et sa langue lui exploraient le corps comme jamais personne ne l'avait fait; elle crut être en lui quand il était en elle, son sperme avait un parfum d'autel; et elle s'endormit avec ses cheveux dans les yeux."

"Nothing s'allongea dans les ténèbres et but à même le goulot, les yeux fixés aux étoiles de son plafond. Au bout d'un temps, les constellations se mirent à ondoyer. Je dois foutre le camp d'ici, se dit-il juste avant l'aube, et des milliers de spectres d'enfants américains ayant vécu dans l'horreur de la complaisance, de la stagnation et du réconfort de la mort défilèrent lentement devant son visage, lui murmurant leur accord."


"Des larmes coulèrent sur le visage de Laine, lui mouillèrent les tempes. Nothing en connaissait le goût, légèrement salé, tout comme celui de sa salive. Mais il se surprit à se demander quel goût elles prendraient si on les mélangeait au sang de Laine. Il se vit en train de lécher les joues de Laine, couvertes d'un vernis de sang marbré de larmes de cristal."


"Ce sont vraiment des vampires, se dit-il. Tu es condamné à une vie de sang et de meurtre, tu t'es exclu du monde du jour. Et il se répondit à lui-même. Parfait. Pourvu que je ne sois plus jamais seul."


"Wallace n'avait pas vu le corps de sa fille depuis sa plus tendre enfance, une époque où elle n'était qu'une androgyne grassouillet avec deux boutons sur la poitrine et une mince fente entre les jambes. Mais aujourd'hui, ses seins étaient ronds et satinés, des seins de jeune fille, et Wallace se demanda quel effet ça ferait de les soupeser dans ses mains, quel goût auraient leurs mamelons en forme de fraise s'il les prenait dans sa bouche pour les sucer.

"Papa, je vais devenir vampire.""

"Elle vit une citrouille évidée luisant d'une lueur orange sur fond de nuit noire, tremblant comme si elle était portée par un spectre invisible. Son sourire explosa, et une immense rose entra en éclosion dans ses chairs, se fanant et pourissant en l'espace de quelques secondes. Elle vit une jeune fille aux yeux noirs à moitié dissimulés par un voile de cheveux; puis ces yeux s'exhorbitèrent, billes de blanc et d'argent, sa bouche s'ouvrit démesurément, et un filet de sang et de whisky coula sur son menton."


"Ghost se demanda si Nothing serait ici ce soir; tous les enfants lui ressemblaient. Leurs longs manteaux sombres et leurs blousons de cuir trop grands enveloppaient leurs os fragiles comme des voiles d'ombre. La plupart d'entre eux avaient l'air si petits, si frêles, prêts à éclater comme des bulles de savon si on les touchait. Mais on lisait dans leurs yeux cernés de noir une certaine dureté, une muraille de verre érigée pour dissimuler leur terrible vulnérabilité. Montre-moi ce que tu sais faire, disaient ces yeux. Fais-moi mal si c'est ce que tu veux. J'ai déjà tout vu, ou du moins je le pense, et quelle différence ça peut faire?"

Photos d'Eolo Perfido ©

Dimanche 23 avril 2006 à 23:08


J'ai aimé des hommes atypiques, des hommes très laid, des hommes paumés. C'étaient des hommes magnifiques, des hommes hors du commun, qui avaient en eux et sur eux quelque chose de troublant, quelque chose qui me faisait rendre l'âme.
J'ai aimé les mains de celui ci, les regards glacials des autres, la tendresse enchantée de ce dernier, les mots incroyables de l'autre, les tares des uns et les gaffes des autres, la maigreur de certains et la pâleur d'autrui.

J'ai aimé me faire prendre le coeur et j'ai aimé le sentir saigné sous les lames de leur couteau, j'ai aimé faire souffrir, j'ai aimé les sentir tout au fond de mon ventre. J'ai haïs les coups rendus et le sang inutile, j'ai vomis les viols et les attaques.
J'aime les hommes à lunettes qui m'attendrisent, derrière leurs verres c'est l'émotion au fond de moi. J'aime les enfants à l'intérieur de ces grands sauvages aux coeurs légers. Je haïs le romantisme et la douceur exaspérante des amoureux transits, j'aime la violence qui rend hommage à l'amour, j'écorche leur peau sous les draps.
J'ai été amoureuse deux fois en tout et pour tout, j'ai été la proxénète d'un gamin et la mienne, j'ai aimé donner l'amour jamais reçu et toujours volé. J'ai aimé voir l'horreur et pleurer, aimé enfoncer des bouts de rien dans ma chair attendris, aimé l'autodestruction pour me prévaloir d'un titre honorifique.
J'ai aimé la brutaliser elle par amour pour elle, j'ai haïs voir des larmes sur ses joues, aimé leur faire l'amour en passant les convenances par amour pour elles.
J'ai aimé souffrir sans me plaindre pour pouvoir apprécier mon existence, j'aime ce cadeau qu'est l'amour, parce que c'est ma vie.

Poupée de Hans Bellmer
©

Dimanche 23 avril 2006 à 1:49

Paracelsia ©

 

Je me mutile à jamais,
profonde libération où la douleur est si forte,
que mon sang ne s'écoule
et pourtant, sans jouer, j'aime me crucifier,
car d'un ciseau je fends mes phalanges si atrophiées.
C'est l'horreur que l'on voit à travers moi, je meurs.

Je me mutile pour toujours,
profonde exaspération où le sang se répand,
que la douleur éparse survole le ciel en flamme.
C'est que j'aime me lacérer comme les enfants sages,
effrayante décadence, lorsque je tue mes envies.


Mes amours ont emprunter ces visages profanes,
ces morts aux âmes creuses qui se glissent en dehors,
quand la nuit en plein jour fait pleurer ses nuages,
je vois à travers vous des êtres sans clémence.
Puis-je aimer, si mon dieu est une invention?



Je me mutile au revoir,
profonde solitude où souffrance est demeure dans mon cerveau malade,
si sourire est la vie, je veux sourire toujours,
mais un jour de grandes peurs je pourrais tout blesser
 et d'un vif coup de lame je mutilerais les vivants.
Aimez moi ou tuez moi, je veux vivre pour toujours
dans un monde de poésie qui ne seront jamais les miennes.


Photo de Ira Bordo
©

Vendredi 21 avril 2006 à 0:08

Plus jeune je voulais être un garçon parce que cela m'enrageait de voir les privilèges accorder à mes petits frères juste parce qu'ils étaient des "mâles".
En grandissant, j'ai appris beaucoup de choses sur le sexe fort, notamment qu'à travers l'Histoire, les hommes de pouvoir étaient soutenus par des femmes et qu'elles les menaient par le bout de la braguette pour parfois diriger leur pays.
Les hommes si forts et si téméraire ne supportent pas la faiblesse, ces émotions incompréhensibles qu'ils ressentent face aux femmes, face à leur corps, et ils préfèrent les humilier, les cacher comme des trésors pour pouvoir les dominer et ainsi dominer leurs envies, contrôler leur émotions, mais voilà, rien ne marche, alors on brûlent les femmes trop belle en mettant tout ceci sur le compte de la sorcellerie, on dit que la chevelure des femmes est une vanité du diable, qu'elle excite l'homme... Au lieu de la punir elle, pourquoi ne pas taper sur ceux qui ont des pensés idiotes et écoeurantes. Ce sont bien des hommes qui ont écrits toutes ses conneries d'époque sur la femme pêcheresse et qui l'ont faite passer pour sorcière, coupable du pêché originel, succube...
Toutes excuses est bonne du moment que les femmes perdent la face. Et certaines le font. Ce qui m'enrage en ces temps, c'est la force des femmes face à la faiblesse des hommes, ceux ci qui pour prouver leur virilité nous battent, nous violent, nous séquestrent, nous font mal avec leurs mots, nous empêchent d'exister, nous rêvent en sainte vierge, nous rêvent en fantasme... Tout plutôt que d'avouer que le sexe fort, c'est nous. Ne vous étonner pas si nous devenons carnassières...
Carrément pas féministe, j'ai dorénavant envie d'être fière d'être forte.


Photo de François Nars ©

Lundi 17 avril 2006 à 17:27



USA  - 1980 | Un film de David Lynch | John Hurt (John Merrick), Anthony Hopkins (Dr Frederick Treves),  Bancroft (Mrs. Kendal)



En 1884, le Dr Treves découvre l'existence d'un homme étrange: John Merrick, véritable bête de foire, abandonné de tous en raison de son physique repoussant, qui vit dans une cage, est battu par son propriétaire et ne sait rien du monde extérieur. Intéressé alors par ses difformitées et voulant à tout prix l'étudier, le Dr Treves rachète John à son propriétaire. Et c'est en l'étudiant qu'il va découvrir que derrière cet être apeuré et hideux se cache un être intelligent et doué de sensibilité.


Il y a des films comme ça qui vous rendent malades et vous donnent envie de haïr tous les Hommes. Ce que j'ai retenu d'Elephant Man c'est ce cercle vicieux d'utilisation d'un Etre humain au profit d'autres Etres humains, le pauvre Merrick sera une bête de foire toute sa vie que ce soit dans la misère ou parmi les bourgeois qui le tolèrent simplement parce qu'il est l'amusement et l'excentricité du moment. Plus que l'histoire, c'est le spectacle visuel qui séduit, car il nous rapelle le fantasmagorique du 19ème siècle du cinéma de Méliès principalement. Lynch travaille sur la naissance de la philantropie (l'Homme s'intéresse véritablement au corps) et il mélange ça à la mentalité de Merrick et de son propre univers qu'on lui connaît. A la fin lorsque Merrick décide de mourir, on voit cette maquette de cathédrale qui nous rappelle les références de Lynch (Quasimodo). Merrick décide qu'il est comme tout le monde et doit mourir comme tout le monde: digne. Il voit sa mère et l'on sait qu'il meurt, on voit ce qu'il voit et ressent.

On connaît les monstres de Lynch, thème récurrent dans ses films. Après le mélange entre réalité et rêve, il utilisera sûrement l'histoire de Merrick pour faire accepter le monstrueux dans la société tout comme le fait peut-être Tim Burton, en faisant passer les humains pour des monstres alors que les créatures sont sensibles.
J'ai apprécié l'hommage rendu aux vieux films et à Méliès. Le film est touchant et même vous arrache une larme si ce n'est du dégoût, mais pas pour Merrick.

Le personnage de Merrick à véritablement existé ainsi que tous les autres, il se nommait Joseph Carey Merrick le 5 Août 1862 en Angletererre à Leicester au 50 Rue Lee. Dès son enfance avant même qu'il ait atteint sa deuxième années, il commence à developpé des tumeurs sur son visage. La situation va alors empirée, des espèces de bulbes apparaissent sur son front son corps, et son bras droit grossit et deviens pratiquement inutilisable. En grandissant il prend conscience de son état, surtout vis à vis des autrs. Il a du mal à avoir des relations avec les gens, on le fuit, on le tyrannise. Merrick se refugie alors dans son imagination... Il restera toute sa vie plutot solitaire. Jusqu'à ce qu'il rencontre le docteur Treves.

Jeudi 13 avril 2006 à 0:28

Paracelsia ©


S'unir dans l'angoisse et l'ennui
Le sang et le sperme ne suffissent plus
Le corps effiloché dépend de l'autre chair
Puis aime jusqu'à l'épuisement, l'écœurement.

 

La vue avortée, la poussière dans l'âme
C'est un fléau inadmissible que de voir l'amour
Les yeux s'égorgent devant tant de cruauté
Pour avoir aperçu le monde tragique qui s'époumone.

 
S'enchaîner dans l'oppression et la haine
Puisque les larmes et la pitié sont torturés
Les corps s'entassent aux portes du paradis
Puis désir hanté jusqu'à l'hébétement, l'énervement.

 

Le coeur torché, le sang empoisonné
C'est un sort jeté sur le monde que de sourire
La mainmise sur les hommes, dépend d'une invention
Qui adore se sacrifier, s'étouffer pour un monde qui se dévore.

 
S'aimer dans l'indécent et l'épouvante
La joie et le sacrifice ne suffissent plus
Le corps apeuré dépend de l'autre chair
Puis aime jusqu'au meurtre, l'attente d'un renouveau.


Tableau de A. Andrew Gonzalez
©

Samedi 8 avril 2006 à 2:58



Une petite fille s'est écrié "Un fantôme!" et je me retourne pour voir qu'elle me pointe du doigt. Je suis intrigué, et ma cousine me dit que c'est sûrement l'imprimé de Manson sur mon sweet qui  la terrorise. Je me retourne complètement, je longe le doigt sur sa petite tête blonde et lui chuchote que je vais la faire fondre dans une casserole pour la manger, et elle hurle. Je presse le pas pour fuir avec ma cousine, les parents sont alertés. Je n'ai même pas envie de rire, je suis éreinté et limite blasé. Une dame me regarde ébahit et perds le contrôle de son caddie, je lui lançe "Pas d'autographes merci" et elle fonce dans les bouteilles d'eau, ma cousine est hilare.
Sortir avec moi relève d'un périple absolument bizarre, si ce n'est pas une bagarre qui s'engage, c'est une joute verbale gagner d'avance d'ailleurs ou encore des regards à la dérober, des moqueries sinistres qui me donne l'impression d'être une star. Les imbéciles ne savent pas s'exprimer et il y en a pas mal. Je me rapelle de ce jour où un groupe d'idiots méprisants me lançèrent des questions navrantes sur mon look et ma musique et mes amis... Pourquoi m'habiller ainsi? Pourquoi écouter ceci? Suis-je une traîtresse à ma race? Suis-je raciste? Pourquoi tout mes amis sont blancs et bizarres? En générale lorsque j'ai envie de me faire insulter, je dit que oui, je n'aime pas les noirs même si j'en suis une. Parfois je ressents le besoin d'être gentil et moins casse-gueule et de dire que je ne sais pas, que c'est comme ça, que je n'ai pas beaucoup d'amis noirs, juste parce que ceux-ci me fuyent où que je les évitent, car j'ai horreur du rap et du rn'b et que la plupart essaye de me convertir de force. Que je préfère mille fois perdre la tête sur les reefs d'Iron Maiden que sur les mouvements de culs de Beyoncé. Que je suis difficile avec le choix de mes amis et que je les trouvent dans le cercle de mes passions. Que non, ce n'est pas ma faute si je n'ai pas les mêmes goûts que tout les autres de ma communauté. En somme que je les emmerde profond avec le guidon du facteur. Ces gens là sont les premiers à me parler de mixité et de partage des cultures. Mais pour eux, un blanc qui écoute du rap est intelligent, un noir qui écoute du métal ou autre chose est un traître... Douce hypocritie!

Illustration de Asya Schween
©

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