Paracelsia

† La Madone Anthracite †

Mercredi 23 décembre 2009 à 22:04

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Mon Dieu ! Mais quelle chaleur ! J’avais à peine effleuré les dalles tièdes d’un bout d’orteil que le degré de la pièce me contamina. Les pieds froids, les fesses à l’air, déjà émue par le frottement doux du tissu sur mon corps nu, je pénétrai dans la chambre aux plinthes multicolores et aux luminaires en forme de gâteaux. Il y avait dans l’air comme une odeur sucrée (sans doute un quelconque parfum de synthèse vanille épicée) et capiteuse, tout comme la situation dans laquelle je m’étais enferrée par simple curiosité et goût du jeu. C’était mon cadeau d’anniversaire et je n’allais décemment pas refuser cette extraordinaire invitation. J’avais la tête qui me tournait légèrement, complètement paniquée, ayant comme l’impression d’entendre circuler le sang énergiquement pompé par les battements précipités de mon cœur. Vêtue comme pour un bal masqué en Alice aux pays des merveilles, toute en crêpe de chine lumineuse, j’observais la pièce des désirs telle que l’on me l’avait nommée sur la carte reçue pour mes vingt-huit ans.

« Make A Wish ! » ornait le carton aux liserés d’or lorsque mon amie me l’avait tendue, béate d’impatience. Elle voulait que j’inscrive à l’intérieur du papier ce qui me ferait honteusement plaisir sans que jamais je n’eus osé l’avouer à voix haute. Le soir même, tandis que les invités s’en allaient au fur et à mesure, j’inscrivis un rêve lointain, un écho de mon enfance que je n’avais pû oublier. Puis je l’avais glissé dans la boîte aux lettres à l’adresse mentionnée. La réponse n’avait nullement tardé avec ses indications et ses exigences. La curiosité ou l’ennui l’avait emporté sur tout les raisonnements possibles.

Je me faisais l’effet d’une héroïne de Lewis Caroll perdue dans un monde fantastique et crémeux, complètement indécente sous ses apparats de carnaval. Alors que je faisais visuellement l’inventaire de cet endroit étrange, j’aperçus du coin de l’œil un ours en peluche grotesque, immense. Et, à l’autre bout de la chambre aux couleurs bleus et roses pâles, une poupée de grande taille, plus élancée que moi, était assise là, sa tête reposant paisiblement sur sa poitrine. Je m’avançai dès lors au centre de la pièce, ne sachant que faire pour provoquer le début des offensives dans ce décor de fillette. Même le lit était imposant et semblait irréel, sorti d’un conte de fée étrange, truffé de draps en dentelles et d’oreillers à foison piqués de fleurs multicolores. Puis, tout d’un coup, comme si une baguette invisible avait actionné les marionnettes de la pièce, l’ours se redressa doucement pour s’avancer vers moi. J’étouffai un cri lorsqu’il grogna à mon encontre, mais il m’enserra dans sa fourrure et je me laissai faire, la surprise passée. La température augmenta de plus belle, la peluche géante griffait gentiment la peau de mes fesses ; j’aimais cette approche atypique mais bizarre. L’ours me souleva légèrement pour se frotter contre moi, ses poils doux chatouillant le bord de mes lèvres. Je fermai alors les yeux pour en apprécier le rendu. La bosse bientôt sous le déguisement vint ensuite combler le bercement hypnotique et excitant de ce jeu. J’ondulais légèrement afin d’en éprouver le plus possible la fermeté. Contre les joues de la peluche, jaspées de longs poils noirs synthétiques, je fus prise d’une rage confuse où je me mis à le mordre dès qu’il émettait le moindre râle.

Il me déposa ensuite, épuisé, sur la montagne d’oreillers qui parsemait le lit. La jolie poupée s’était redressée et s’approchait de moi. Elle était ficelée dans des frusques beaucoup trop étroites pour elle, ce qui faisait déborder ses formes de toutes parts. Elle s’avançait vers nous comme une automate pour se pencher et me présenter ses seins – comme on offre des bonbons – que j’étreignis sans faire de discours. J’avais envie de sentir la fermeté de ses pointes et la rondeur des débordements. Je l’allongeai aussitôt près de moi pour jouer avec elle, la complimenter sur sa beauté, retrousser sa robe et ouvrir son corsage. J’en fis de même pour moi : je lui montrai ma poitrine que je portai à sa bouche. Elle me téta doucement, pinçant les tétons entre ses lèvres. Je lui caressais les cheveux d’une main en encourageant sa gourmandise, et, de l’autre, je m’employais à masser le doux petit bouton au-dessus de sa fente en la faisant béer. Je sentis bientôt, sur ces entrefaits, la mouille qui ne tarda pas à s’écouler entres ses fesses. Je vis disparaître mes doigts un à un dans l’ouverture suintante, aussi, agacée par mon entreprise, la poupée aspira mes tétons à tour de rôle aussi goulûment que possible.

Cela dura un long moment pendant lequel l’ours passa avec frénésie sa patte sur sa bosse. Je lui dégoisais des formules d’une insolence et d’une niaiserie confondantes. Ni trop vulgaire, ni trop sage, je provoquais son attaque à venir. Je me permis de me pencher vers le bas ventre de la poupée afin de darder ma langue sur ses muqueuses et d’en lécher le moindre repli, suçoter l’ergot gonflé au dessus de la plaie béante. L’ours n’y tenant plus se mit à nous encourager. Échaudée, je me couchai finalement sur ma poupée afin de lui lécher les lèvres tandis qu’elle me caressait les fesses, les écartant légèrement, faisant bâiller le con et exciter l’ours qui ne tarda pas à présenter sa queue. Il titilla l’encolure baveuse de la poupée et la mienne, puis il laissa vagabonder sa queue sur les parois de mes lèvres entrouvertes. Dès les premiers élans, enivrée par la douceur de la poupée et de sa peau contre la mienne, j’eus l’impression de n’être qu’une boule de chaleur. La jouissance prenait naissance au fond de ma gorge, dans les tremblements de mes cuisses ; les tressaillements à chaque hoquet de plaisir firent écho à ceux des jouets. Sa grosse queue labourait mon ventre tandis que j’enfournais ma langue dans la bouche de la poupée. Je mouillai mon doigt afin de dessiner un cercle opaque sur ses aréoles et lui taquiner les bouts. L’ours s’extirpa de mes limbes pour s’introduire dans celles de la poupée. Il l’enfilait avec frénésie poussant des grognements insultants. Alors, elle se branla avec ferveur, les yeux clos ou rivés sur les miens. Je prenais autant de plaisir à observer les tics sur son visage baigné d’une étrange lueur – la jouissance la rendait étonnamment magnifique et excitante. Je lui mordillais les lèvres pendant qu’elle poussait de petits cris et de grands râles. L’ours passait d’un vagin à l’autre sans se formaliser, imprimant ses pattes de chaque côté de mes reins.

Les joues roses de la poupée et les miennes virent bientôt jaillir la reconnaissance de l’ours. Le buste strié de sueur et de foutre, je laissai la poupée me lécher afin de me nettoyer, puis je l’embrassai voracement, la serrant dans mes bras pour sentir à nouveau contre moi cette douceur affectée. Pendant ce temps, l’ours avait repris sa place. Il s’assit pour ne plus s’ébranler et, ainsi, ce fut le tour de ma chère poupée, nue et satisfaite de retrouver sa position de départ : les bras ballants, la tête à nouveau posée sur sa poitrine. Je me rajustai, encore imprégnée de l’ivresse de mon cadeau d’anniversaire, puis je sortis de la chambrette en refermant la porte sur un capharnaüm serein et mes deux jouets immobiles.

DOLLHOUSE
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Par silverthorn le Mercredi 23 décembre 2009 à 23:51
Tu sais si ces fautes que tu pointes du doigt sont les seules choses qui peuvent t'empêcher de vraiment faire lire ce que tu écris à un public plus juge que juge, il y a toujours moyen de faire corriger ces quelques lignes. De toutes façons, tout jury digne de ce nom saura juger au-delà de ces fautes.
Par Uekte le Mercredi 23 décembre 2009 à 23:54
A voté, le texte en lien étant des mieux tournés.
Par Dame-Meli le Jeudi 24 décembre 2009 à 11:08
En voilà une idée qu'elle est bonne ! J'irai lire ton petit texte dans la journée !

En ce qui concerne le livre de Dubois, j'étais quasiment sure de l'avoir dans ma bibliothèque, mais en fait, je crois que c'est mon ex qui l'avait dans la sienne... Ou alors, il me l'a piqué en partant ! :o
En tout cas, c'est prévu que je le lise un jour, j'ai plus qu'à aller l'acheter ! ^^

Bises et Joyeux Noël !

Meli
Par Plaiethore le Jeudi 24 décembre 2009 à 12:05
J'ai en horreur les concours de quelque sorte qu'ils soient... Mais comment pouvais-je passer à côté de la lecture d'un texte madonique ?

Je suis allé le lire cette nuit qui ne voulait encore pas s'éteindre, et comment dire... Je crois qu'il fait largement partie de tes plus beaux écrits.
Non seulement il est impeccable quant aux "fautes", mais surtout il allie avec brio l'originalité, le particularisme, le merveilleux, l'imaginaire, le pouvoir de l'esprit de l'enfance et l'érotisme fin et cru à la fois, décalé et que l'on se cale confortablement dans les peaux, de chair, de poils et de plastique, et ce avec une fluidité remarquable.

Il y avait une suite de plusieurs petites étoiles ; et lorsque sous la caresse de la souris elles sont devenues brillantes, j'ai cliqué... sans faire exprès, je le jure sur la tête à jésus !
Par Satyrikkk le Jeudi 24 décembre 2009 à 12:29
A voté.

La concurrence m'a l'air plutôt rude, je le reconnais, mais quel univers! Tu as un style absolument captivant. Je suis abasourdie, sincèrement. J'admire et m'incline devant vous, belle Madone.
En espérant que cette participation ne sera pas la seule et unique. :)
Par plop-maw le Samedi 26 décembre 2009 à 16:36
J'aime beaucoup ton univers. =)
Par rosiel le Lundi 28 décembre 2009 à 20:06
Oh je vais aller lire ça =)

ps : est-ce que je peux te piquer ton avatar pour un article ?
Par Plaiethore le Mercredi 6 janvier 2010 à 11:52
Apparement DollHouse est largement reconnu en qualité et en appréciation, n'est-il pas Ô Madone ?
Par Paracelsia le Mercredi 6 janvier 2010 à 16:29
Il n'est sans doute pas assez sexe pour le concours, mais niveau originalité j'ai l'impression de m'être plus fouler que les autres.
Par Plaiethore le Mercredi 6 janvier 2010 à 17:58
Ce n'est pas une impression pour moi, il s'agit d'une certitude.
Par Hékate le Jeudi 21 janvier 2010 à 21:21
Conte bien troussé ,et qui me rappelle un rêve que je fis il y a longtemps avec une Bête enfermée dans un château ...:)
Même si ,le déroulement en était très différent . Le plus extravagant était que les noms m'en étaient restés au réveil ,et tous les dialogues .
 

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