Je suis très fière de mon pays, j'ai toujours été extrêmement fière d'être haïtienne malgré ses conflits internes, ses présidents tyranniques, ses habitants paumés et zombi-fiés par la religion ou le vaudou, malgré les préjugés et le fait qu'on stigmatise ce pays parce qu'il est pauvre, parce qu'il a été vendu par ses dirigeants à par d'autres, j'ai toujours été fière de dire que j'étais haïtienne. Nous avons une histoire peu commune aux autres, nous sommes un pays qui a lutté pour sa liberté et à l'habitude des souffrances. Mais hier soir j'étais en enfer, mes parents là-bas dans la capitale, mon pire cauchemar quant à celui de perdre ma mère de cette façon s'était comme cristallisé.
Dès l'annonce du séisme, personne là-bas n'était plus joignable, les informations en France étaient ténus, les images inexistantes, il aura fallu que j'aille sur les sites canadiens et américains pour en savoir plus, ils avaient déjà prévu des cellules de crises, mais ici, rien. L'ambassade était fermé et moi aux bords des larmes à me griffer partout parce qu'on ne sait pas quoi faire, on ne sent plus rien. On se dit que s'il était arrivé quelque chose d'horrible à ses parents, on l'aurais ressenti au plus profond de soi.
J'étais comme une dingue, car l'anniversaire de la mort de mon ami était aujourd'hui et que j'avais une impression de déjà-vu, de poisse sans fin. A 3 heures du matin, complètement épuisé je n'étouffe plus mes cris et c'est là que mon compagnon se réveille sans rien pigé, mais je n'arrive pas à lui dire ce qu'il se passe. Je me gave de toutes les informations possibles avec les deux seules chaînes d'informations non-stop que je possède, mais qui se répète. A 8 heure du matin, les images de corps qui jonchent le sol m'achève, j'imagine le pire, j'ai mal à la tête à force de chialer comme une enragée.
J'ai trouvé écoeurant les montages et les mots insistants des journalistes pour rendre l'évènement encore plus dramatique qui ne l'est, de se complaire à allez filmer les familles en larmes à Orly en ponctuant tout le temps avec des "témoignages extrêmement poignants"... Ce n'est pas de l'information, on vend la misère humaine. Il aura fallu cette catastrophe pour que les médias français s'intéressent au pays, mais d'une façon déplaisante. Ils m'ont tous écoeuré. Le numéro de téléphone mise en place par le quai d'Orsay est saturé et personne n'a de renseignements alors je n'ai pas bien compris son utilitée.Ce que je sais, c'est que ma famille est toujours là-bas, que je ne sais pas grand-chose sur leur état, ce matin il semblerait que mon père ait parlé à une personne, mais je ne serais tranquille que lorsque je les aurais en ligne, lorsque je saurais que tout le monde va bien. J'ai tellement la haine face à ce gâchis, tellement mal que je me sens vidé, qu'entendre le gouvernement réagir me rends complètement hystérique et rageuse, oui, je lui fous au cul son "effroi" à Sarkozy.
J'ai la haine que cette putain de marionnette qui est le président de Haïti, que le peuple n'a pas choisi, n'ai pas rassuré son peuple, j'en peux plus de voir mon pays souffrir, j'en ai ras le bol de voir mon Haïti chéri crier en haillons et mendier de l'aide à des pays qui l'a ruiné avec la dette d'indépendance afin de dédommager les anciens colons, marre de le voir mendier de l'aide à un dieu qu'on lui à imposer par le sang pour l'apprivoiser, ras le bol que les haïtiens vénèrent des crétins qui se sont surtout battus pour prendre le pouvoir plutôt que de faire évoluer leur peuple. Sinon à quoi sert "L'Union fait la force" sur notre drapeau?
MERDE! MERDE! MERDE!
Photographie sur place de Lisandro Suero ©
J'espère de tout coeur que tu auras tôt ou tard des nouvelles, car il est pire de rien savoir, tu peux tout imaginer.
Courage!