Je joue mon rôle à fond, je lui dit non, je feins d'être écoeuré et me couche sur le lit. Il me croit enfin quoique sceptique. Je me plains et j'enlève le bas, il se tort de rire, il en étais sûr, je fais semblant de ne pas comprendre et lui explique que j'ai chaud... Décidément, je lui ai jouer ce tour beaucoup trop souvent puisqu'il se jette sur moi. Je suis complètement fasciner par sa peau et sa chaleur, ses longs cheveux et ses lèvres qui me brûle, ses mots qui me tue, je colle ma bouche et je respire tout son être.
Je me rappelle que l'on m'avait dit un jour que faire l'amour à quelqu'un qu'on aime était magique, et j'écoutais comme on écoute une histoire extraordinaire, un espèce de conte de fée pour les romantiques défoncés aux bouquins de la collection Harlequin, persuader que la nana en face avait prit trop de juvamine. Elle me demandait toujours pourquoi je continuais à m'envoyer en l'air avec des inconnus et je lui répondait que ça m'évitait de me faire mal, que ça me débouchait la tuyauterie, que ça maintenait la forme et surtout que je rendais service quand même, je me prenais pour Marie-Madeleine. Et cette jeune fille se prenait pour un rejeton de Freud, me harcelant de question pour comprendre mon manque d'intérêt pour le prince charmant et les histoires culcul la praline. "Je ne connais que le sexe, je répond avec ce que j'ai, ça évite de converser avec mon cul!", il faut dire que j'étais et que je reste mauvaise interlocutrice.
Eh bien j'ai compris son acharnement et ses yeux brillants. Lorsque mon anti-tétanos a conquit mon coeur, c'est comme si je m'étais prise un coup de gant médiéval dans les gencives, une explosion dans le ventre et dans la tête. Amoureuse sonne toujours comme une blague de Desproges, mais j'arrive enfin à ressentir quelque chose de beau sans avoir à devenir une hystérique, en restant moi-même parce qu'il m'accepte comme une mouche sur une crotte. Parce que l'enlaçer me fait jouir plus que tout...
Tableau de C.R. Welter ©