Assise dans un bus, Ministry pleins les oreilles, je me
demande encore comment j'ai fait pour entendre le moindre son extérieur,
c'est-à-dire la voix assez rocailleuse d'un grand dadais à la peau brune qui
nous contait ses misères en créoles, manque de pot, je comprends tout, et ça
m'exaspère. Pauvre enfant qui se plaignait des blancs, des juifs, des arabes et
des africains, comme si lui, ses fringues à l'américaine et son joint dans la
main était beaucoup mieux loti. Et vas-y que je suis un pauvre noir rejeté de
tous, et vas-y que ça m'empêche pas de me mettre tout seul dans ma tombe et de cracher sur toutes les autres races en
demandant le respect de la
mienne. Il se serait arrêté là, je n'en aurait rien eu à
fiche, mais là il y va sur les blacks panthers qui étaient cool parce qu'ils
buttaient des blancs. J'avais envie de lui demander qui étaient les fondateurs
de ce mouvement et ce qu'il était en réalité au lieu de sortir les clichés
propager par ses gentils monsieurs blancs du FBI à l'époque, que ce couillon ressort comme
un trophée.
La moitié du temps j'ai envie de leur filer des gifles à ma
communauté. Quand on me dit de croire en Jésus et en dieu, j'ai une
envie folle de
leur demander pourquoi il croient en un personnage imposer par leurs
super
potes esclavagistes jusqu'à en faire un de leur leader alors qu'ils
sont censé
ne pas aimé les blancs. Tout comme le tatouage et piercing qui serait
une
invention occidentale alors que c'est purement tribal, que ce sont des
tribus d'Océanie,
d'Afrique et d'Asie qui utilisaient ces pratiques traditionnelles et
ancestrales. Envie aussi de leur demande pourquoi ils se blanchissent
la peau, pourquoi ils se mettent des perruques et pourquoi ils n'aiment
pas les gens trop noirs... Ils se renient
eux-mêmes tout en te montrant du doigt, ça, c'est la mouche qui fait
déborder le
caca.
C'est un monde de fou et d'hypocrisie totale, les arabes
méprisent les noirs et les juifs, les juifs méprisent les arabes, les
blancs
méprisent les arabes et les noirs, les antillais méprisent les
africains et les
haïtiens, les haïtiens méprisent les arabes, les africains, idem pour
les
portugais et j'en passe, c'est ahurissants et ce sont les premiers à
pleurnicher pour qu'on les respectent. Les nationalistes me donnent
déjà envie
de gerber, imaginer les gens qui sont censés subir des injustices et
qui se
vautre dans le racisme ordinaire, c'est beaucoup moins glorieux et
foutrement
plus gerbant. Lorsque je me promène avec mon chou-fleur aussi pâle
qu'un linge,
et que l'on nous dévisage comme si on était la pire chose au monde,
j'ai bien
envie de gueuler « bah oui mon brave, ma chatte est multiethnique
et
elle le vaut bien ». Bon sang ! Si seulement les pauvres
petites
victimes blacks-beurs de « la société » arrêtait de se
complaire dans
la victimisation, ils seraient moins débiles et ne seront plus les
petits singes
bruyants et violents que la presse, les religieux et les politiques se
plaisent
à manipuler pour vendre leur choux gras et gagner des électorats ou des
fidèles. Mes ancêtres ce sont battus pour que je puisses marcher dans
les rues libre, je n'ai pas à rester couché qu'on me plaigne, la vie
c'est de s'en sortir, je n'ai pas à imaginer une croix que je n'ai
jamais porter. Si seulement ces pauvres petits blancs arrêtaient de
pleurer sur leur sort et
se défendaient un peu plus au lieu de la fermer ou de basculer dans le
côté obscure du
nationalisme.
Avec des si, ce serait chouette de pouvoir péter la gueule à tous
ces cons. J'adore les homos, ça m'éclate de les voir s'embrasser et ça
me
plairait qu'ils aient des gosses, j'adore le piercing et le tatouage,
j'adore
le vice et les gens libres me fascinent, les nudistes me plaisent, la
religion
me passe au-dessus de la tête, toutes les nations me plaisent, mais les
trous d'balles! Purin, je suis une grosse raciste à ce sujet.
Photo de Jeffery Scott ©