Paracelsia

† La Madone Anthracite †

Dimanche 1er avril 2007 à 19:50


Corée du Sud | 2001 | Un film de Gwak Jae-Yong | Avec Jeon Ji-Hyeon (La fille), Cha Tae-Hyeon (Gyeon-Woo), Kim In-mun (Le père de Gyeon-Woo), Song Ok-Sook (La mère de Gyeon-Woo), Han Ji-hee (Le père de la fille), Geum-Seok Yong (La tante de Gyeon-Woo), Sook-Hee Hyun (La mère de la fille)

Gyeon-Woo, un jeune étudiant un peu paresseux qui aime faire la fête avec ses amis et qui s'entête à ne pas rendre visite à sa tante  rencontre une jeune fille complètement bourré sur le quai du métro. Elle risque de tomber sur les rails et il lui sauve de peu la vie.  Dans le train, la jeune fille se sent mal en point et vomit sur la tête d'un vieux passager, avant de tombé dans les pommes elle appelle le pauvre Gyeon-Woo "mon lapin". Le vieux passager les prends pour un couple et vilipende le jeune homme pour qu'il porte secours à sa "compagne". Le jeune homme va alors prendre sur lui pour aider la malade... Les ennuis commence quand le jeune homme nu dans un motel se fait électrocuter par la police, l'aventure débute là.

Force est de constater que les superbes productions asiatiques sont encore plus superbement ignorés par chez nous (alors que je serais prête à me priver pour allez au Festival de Pusan), je vous présente "My sassy Girl", un film qui ne m'a pas du tout donné envie au départ, puisqu'on le classait dans le genre romantique, c'est avec beaucoup de mal que je me le suis acheté en DVD parce que l'actrice était sublime sur la pochette et que les couleurs m'ont plût. "Yeopgijeogin geunyeo" titre original du film m'a beaucoup surprise et marqué puisque je me le suis tapé pas moins de 6 fois en 2 mois, un record mondial pour moi (Merci la Corée), je n'ai rien vu venir, j'ai juste rit et pleuré un peu, mais beaucoup rit, c'est un film excellent et cela ne m'étonne guère qu'il soit devenu célèbre et une référence dans le cinéma Coréen. Les clichés de la romance sont minimes comparé aux souffrances de Gyeon-Woo que la "Yuppi" girl lui fait subir, elle l'entraîne dans sa folie démesuré l'agressant physiquement et verbalement, le pauvre donne l'impression de devenir son chien. Pourtant, elle est plutôt jolie, mais son langage est loin d'être châtié, elle est violente et mystérieuse, surtout l'alcool n'est pas son fort.

Le film est tiré d'un roman écrit par épisode sur le net, des lettres d'amours d'un certain Kim Ho-Sik "Yuppi Girl" qui est à l'origine du film (d'ailleurs dans le film Gyeon-Woo fera pareil, c'est à hurler de rire de le voir s'avancer comme un vampire vers l'éditeur tout sourire dehors). Yuppi en corée désignait certains jeunes aux idées glauques et morbides, la culture pop a grandement fait dévié le mot pour désigner dorénavant ce qui est curieux, drôle et peu commun.
Revenons à Gyeon-Woo qui  décide d'aider la jeune fille alcoolique et la transporte dans un motel derrière son dos, le gérant dudit lieu croit que le jeune garçon a drogué la jeune fille pour abusé d'elle,  toujours un peu poire et naïf sur les bords, Gyeon-Woo décide de prendre une douche pendant que la jeune demoiselle dort, c'est à ce moment que la police fait son entrée et le molleste nu comme un vers. Sortie de garde à vue et rentrez chez lui sain et sauf, sa mère le frappe avec l'aspirateur et la jeune fille l'appelle en le menaçant... La petite vie bien calme de Gyeon-Woo se retrouve chambouler par les caprices d'une jolie jeune fille qui prétendra être enceinte de lui, qui va lui fiche des coups de poings à répétition, tout choisir pour lui, le sortir de son train-train quotidien, son amitié étrange avec la jeune fille capricieuse donne lieu à des séjours en prison, une déveine hallucinante et des situations humiliantes, mais pour moi, ce fut des crises de fous rires, surtout lorsque Gyeon-Woo lui offre un anniversaire de folie dans un parc à thème.
Tout n'est pas drôle bien sûr, la question que tout le monde, icompris moi, nous sommes posés, c'est pourquoi qu'elle fait tout ça la mignonne?  On va petit à petit découvrir son secret, bien fâcheux d'ailleurs qui casse un peu le rythme du film sans pour autant nous transporter trop loin dans le gniangniatisme absolu (quoique...). Le film est certes ambigüe sur la relation de la jeune fille et de Gyeon-Woo, mais c'est une comédie romantique quoi de plus naturel, c'est en tout cas à se pâmer de se prendre au jeu de ces deux coeurs fragiles et troublés. "My sassy Girl" est divisé en trois parties (comique, révélations et coup du destin), ce film est arrivé à allié romance et humour mieux que n'importe quel pâté du genre que j'ai put voir durant ma vie, un record puisque les deux protagonistes ne se papouillent pas une seule fois! La réalisation est lisse et quasi-parfaite, les trips scénaristiques de la jeune fille capricieuse sont à se fondre de rire, lorsqu'elle se prends pour Lara Croft ou un samouraï...

Je vous laisses deviné la suite moi j'en ai beaucoup trop dit. Je donne une mention spéciale aux deux acteurs magnifiques qui font que le film est une merveille, il n'y a rien à dire sur leur jeu, l'espace est entièrement dédié à leurs charmes irrésistibles et à leurs moues délicieuses, ils portent "My Sassy Girl" avec une conviction certaine et ça me contrarie amèrement de savoir que le remake (une fois de plus Hollywood, pilleur de succès devant l'Eternel, est passé par là) sort très bientôt. Le réalisateur a fait un film extraordinaire qui m'a plût du début à la fin, tout les bons points du long-métrage ont hissé "My Sassy Girl" dans le panthéon de mes films cultes. Comme avait dit Choufleur "C'est fou! Tu as vu un film positif? Sain? Tu es malade?". Un vrai bonheur!

PS: Vous pourrez voir ce film dans le cadre du Festival Paris Cinéma de cette année. Pas de chance pour les non parisiens et ceux qui ont loupé le Festival du Cinéma Asiatique de Deauville.

Samedi 10 mars 2007 à 23:11


USA | 1997 | Un film de Harmony Korine | Jacob Reynolds (Salomon), Nick Sutton (Tummler), Jacob Sewell (Bunny Boy), Darby Dougherty (Darby), Chloé Sévigny (Dot), Carisa Bara (Helen), Linda Manz (mère de Salomon), Max Perlich (Cole)

Après qu'une tornade appelée "Gummo" ait dévasté leur ville, les habitants de Xénia, dans l'Ohio, s'ennuient ferme. Il ne s'y passe plus rien du tout, ils vivent dans la misère et la précarité, jamais remis économiquement du désastre de 20 ans déjà. Salomon et Tummler, les personnages principaux parcourent la ville à vélo en tuant des chats pour pouvoir les revendre à un cuisto, c'est leur distraction... Sur leur route, ils croisent d'autres habitants tout aussi particuliers qui cherchent à fuir l'ennui.

Gummo ressemble à un terrain de jeu dévasté, à un film abject où plusieurs gamins marginaux nous montrent leur existence tout à fait singulière, après le passage d'une tornade qui a dévasté leur ville, plus rien ne s'y passe donc et on essaye de vivre avec le plus de bizarreries et de cruauté. Interdit aux USA et sorti en France deux ans après sa sortie officielle, Gummo dérange, met mal à l'aise et nous met sens dessus dessous. Pourtant, rien de bien palpitant ne s'y passe, mais l'histoire est tellement décalée et se mélange tellement entre fiction, documentaire et photographie, les mômes sont tellement paumés et à côté de la plaque que ce film peut au premier abord déplaire car il provoque irrémédiablement un malaise même pour le spectateur lambda. On s'aperçoit quand même d'une chose, que l'ancien collaborateur de Larry Clark aime ses personnages et ça se voit : les moments de tendresse, même absurdes, rendent le film émouvant.
La vie de ses personnages est tellement "originale" qu'on a du mal à se mettre à leur place, mais même sans cela, on s'attache à ces individus presqu'irréls. La misère y est dépeinte avec une telle fureur (plusieurs styles de caméras et plusieurs styles de prises) qu'on a l'impression de désordre et dégats dans cette ville paumée où le rêve américain subsiste (voir le jeune Bunny Boy et les passages sensuels avec la belle Chloé Sévigny). Tourné avec quelques acteurs méconnus et inexpérimentés.

La très grosse curiosité du film est le petit Salomon qui doit-on le dire possède une physionomie peu commune... Les scènes de violence bien que peu excessives (cela dépend aussi du spectateur) paraissent gratuites, comme si Korine voulait prolonger la terreur que Kids (film de Larry Clark dont il fut co-scénariste) a sut susciter.

Gummo est une ballade surréaliste et impressioniste (si j'ose j'ose!) où Tummler et Solomon parcourent sur leur vélo la ville maudite en tuant des chats pour les revendrent au boss d'une épicerie douteuse. Tout est désordre et très humain en même temps, plus humain que certains films de guerre.
Un film que je classerais comme un ovni avec des "Freaks" curieux, la presse bien pensante à beau trouver ça malsaint et méprisable, le cinéma rebelle est en marche depuis belle lurette et ce n'est pas là qu'elle s'arrêtera. C'est parfois brut, cela semble sans but et cela choque, mais n'y a t-il pas un public pour tout? Et moi je suis très bon public pour ce genre de film franchement décalé.

Jeudi 11 janvier 2007 à 16:30


USA | 2002 | Un film de Richard Kelly | Avec Jake et Maggie Gyllenhaal
(Donnie et sa soeur), Jena Malone (Gretchen Ross), Mary McDonnel (Rose Darko), Drew Barrymore (Karen Pomeroy), Noah Wyle (Dr Monitoff), James Duval (Frank), Patrick Swayze (Jim Cunningham)

Donnie Darko a 16 ans et fait régulièrement des crises de somnabulisme. Un soir, une voix lui donne l'ordre de se lever et de sortir, dans le jardin Il aperçoit alors un lapin géant laid qui lui annonce la fin du monde... Ce soir là l'aile d'un avion s'écroule dans sa chambre et dévaste presque la maison, Donnie aurait pû mourir s'il avait été là. C'est alors qu'il se croit investi d'une quelconque mission...

Alors que tout le monde se précipitait dans les salles obscurs pour aller visionner Astérix, Mission Cléopatre (no comment), moi et mon amie nous dirigeons vers l'affiche la plus intriguante, où l'on voit un lapin bizarre géant, le ton est donné, à coup sûr, soit c'était énorme soit c'était du mauvais goût...

Pour moi, c'est un film principalement centré sur l'adolescence, sur fond de musique des années 80
(INXS, Tears for fears, Joy Division, Duran-Duran), un environnement banal qui ressemble à une prison doré, sauf que Donnie n'est pas du tout "banal" et on va s'apercevoir que personne ne l'est. On se pose beaucoup de questions pour ensuite se faire sa propre idée du film car la fin est trouble, c'est un long-métrage qui a l'air d'échapper même à son réalisateur-créateur, car il y a beaucoup de directions incontrolées (vu que c'est sa première réalisation ou c'est peut-être voulut afin de créer des pistes). Disons qu'on a l'impression que l'auteur n'a pu arriver jusqu'au bout de toutes ses idées...
Cependant l'histoire est très bonne et orginale, il nous balade entre illusion et réalité, tout comme le ferait Lynch. Dès le début du film, on nous plonge dans un mal-être récurrent, lorsque le long panoramique sur une route nous montre Donnie couché sur le sol et hébété cela nous rappelle les personnages perdus des movies lynchéens. Retour ensuite au puritanisme où la petite ville se met à adorer un gourou sous les traits de Swayze qui dit pouvoir régler tous les problèmes grâce à des bonniments tout à fait ridicules.
Le passage le plus génial est lorsque Donnie devant l'assistance va au micro et le traite d'antéchrist. On supprime alors les romans littéraires où certains mots "impurs" apparaissent, juste avant de se rendre compte que ce soi-disant gourou est un... (je ne vais pas gâcher la suprise)
. Donnie est un jeune garçon très intelligent et marginal, il est pour moi cette faille temporel dont il parle pendant la moitié du film, je penses que le lapin qu'il voit n'est pas là pour rien, je crois qu'il est au courant de tout ce qui va arriver dans le film, mais qu'il a volontaire oublié certaines choses pour ne pas souffrir, qu'il pense pouvoir tout changer avant que cela n'arrive, mais que rien ne marche.

Donnie Darko m'a émue sincèrement surtout avec la bande son, où réentendre "Mad World" et "Head Overs Heals" des Tears For Fears, "Noctorious" de Duran-Duran m'a fait bougé de ma place. C'est ce genre de film qui me laisses la possibilité de me faire ma propre idée sur sa fin et son vécu, qui me balade comme j'aime, une sensation que beaucoup haïssent n'empêche, pour ceux là, ne regarder pas ce film, mater plutôt un long-métrage où l'on vous mâche tout.

C'est un film surprenant et mature (même si la fin nous laisse sur les dents) pour une première réalisation, dans la lignée des nouveaux réalisateurs comme Korinne, Fincher et Aronofsky. Sans gros budget, Donnie Darko m'a étonnée, je dirais littéralement schotché à mon fauteuil, c'était si étrange et nouveau que tout m'a impressionné, icompris les effets spéciaux moyens, je trouve même que ça lui va bien, de même que le côté très classique de la réalisation jure pas mal avec le sujet, je trouve que ça lui va bien aussi.

C'est une nouvelle expérience cinématographique loin des studios d'Hollywood, on s'attache à la schizophrénie de Donnie et à ces adolescents complètement annihilés par une banalité sans fin et des parents qui me font penser aux trips famille, joie et religion de certains films hollywoodiens d'antan, des poulets en carton pâte pour résumé...

Première réalisation donc, avec quelques défauts (dommage), qui m'a totalement séduite, c'est d'ailleurs devenu mon film culte malgré tout...

Vendredi 6 octobre 2006 à 23:20


Gran
de Bretagne | 1982 | Un film de Alan Parker d'après un scénario de Roger Waters | Bob Geldof (Pink), Christine Hargreaves (la mère de Pink), James Laurenson (le père de Pink), Eleanor David (la femme de Pink), Bob Hoskins (le Manager)


Pink est une très grande star, mais il a l'impression de se perdre et ne plus s'appartenir. Pour éviter de sombrer et devenir quelqu'un d'autre, afin de préserver sa personnalité, il se réfugie dans un monde fantasmagorique assez particulier.

La première fois que j'ai vu ce film, j'étais au collège et j'ai eu très peur de mes professeurs pendant très longtemps, je n'avais pas compris tout le film. Pour moi, le chanteur, Pink, était un être dépressif qui dirigeait une horde de fans et leur faisait faire des choses horribles. Cette scène où les élèves sont broyés comme de la viande de boucherie m'a longtemps obsédée. Néanmoins, rien que pour entendre les Pink Floyd (parce que la bande-son tue quand même), j'ai trouvé que c'était un des meilleurs albums du groupe (avec Dark Side on the moon), et sur tous les plans (techniques, effets visuels, scénario), ce film est parfait, mais ma vérité n'est pas universelle, je suppose que beaucoup l'ont détesté et trouvé horripilant et prétentieux.

Bob Geldof est magnifique comme je ne l'avais jamais vu, le film est assez troublant puisqu'on entre dans la tête d'un type assez perturbé par sa célébrité et qui fantasme sur des choses avec beaucoup de violence. On regarde la vie de Pink, petit garçon isolé des autres tandis que la guerre fait rage et que sa mère le surprotège, créant des phobies égales à l'amour qu'elle lui porte. Pink n'a pas de père et cela le traumatise assez, il est rejeté par les autres et à l'école ce n'est pas mieux, il est le mouton noir de sa classe, se faisant réprimander par un professeur qui a lui-même une mère castratrice.

Pink choisira enfin de se construire un mur mental qui l'isolerait des autres, chaque douleur et problème ajoute une brique à son mur : enfance orpheline, mère dominatrice, son père mort à la guerre (je suis pas sûre), la superficialité du star-system, un mariage mensongé... Il finira par se tourner vers toute sorte de drogues pour essayer d'en finir. Mais son mur est sur le point de s'achever et c'est à ce moment que Pink s'aperçoit enfin du danger qu'un tel enferment peut contenir. Son esprit va se révolter et ses fantasmes vont fusionner avec ses souvenirs et ses blessures, ce qui va donner un formidable tableau de la folie.

Enfin c'est du grand, j'ai eu l'impression que Waters peignait la vie de Syd Barrett, le chanteur qui a fondé les Pink Floyd et qui a été interné plus de 7 fois en hôpital psychiatrique, mort depuis peu, mais il paraît que Waters avait juste l'envie de crier sa haine contre les guerres qui éclatent de par le monde, de donner libre cours à sa colère sur la manière dont son pays est dirigé, surtout en ce qui concerne le système éducatif...

Samedi 2 septembre 2006 à 21:48

"Mon unique amour émane de mon unique haine ! Inconnu vu trop tôt et reconnu trop tard. Ô prodigieuse naissance de l'amour qu'il me faille aimer mon ennemi exécré !"
Juliette Acte 1, Scène 5

USA | 1996 | Un film de Baz Luhrmann d'après la pièce de théâtre de William Shakespeare | Avec Leonardo DiCaprio (Romeo), Claire Danes (Juliet), John Leguizamo (Tybalt), Harold Perrineau Jr. (Mercutio), Brian Dennehy (Sampson), Paul Sorvino (Fulgencio Capulet), Pete Postlethwaite (Père Laurence), Zak Orth (Gregory), Paul Rudd (Dave Paris), Vondie Curtis-Hall (capitaine Prince), Des'ree (la Diva)


Les querelles de famille en plein dans la ville de Vérone où se situe l'action de la pièce de théâtre, qui a rendu folle l'Angleterre, publiée en 1597.
L'histoire de deux familles qui se haïssent et de leurs deux enfants qui vont s'aimer comme jamais aucun couple ne s'aimera.
L'histoire d'une passion furieuse replacée dans un contexte contemporain comme elle le fut à son époque.

Romeo et Juliette est avant tout une légende italienne, elle est passée par la France avant d'arriver jusqu'aux oreilles des Anglais. Avant que Shakespeare ne la réécrive en 1595. Cette pièce appartient à la période lyrique de Shakespeare et ne sera publiée qu'en 1597. Lors de la première, la pièce est un grand succès.
Ensuite, cette histoire sera adaptée au cinéma, mais rien de vraiment neuf. Le Romeo + Juliette de Baz Lurhmann est l'adaptation classique la plus réussie avec celle de MacBeth par Kurosawa (sans compter sur West Side Story, adaptation retravaillée bien sûr et le Roméo et Juliette de Franco Zeffirelli).

Si vous n'avez pas vu Ballroom Dancing de Luhrmann avant l'évenement Romeo + Juliette c'est dommage, parce que vous auriez compris que Luhrmann aime la danse, les retranspositions et les histoires d'amours particulièrement acidulées. C'est bien navrant que l'on ne parle que de Moulin Rouge et de Romeo + Juliette, comme il est dommage que l'on se rende compte assez tard du talent de Caprio perverti par ce succès sans précédent.

Luhrmann réinvente le classique de Shakespeare pour nous surprendre et dépoussiérer un texte magnifique.
Le prologue est un petit bout de la tragédie et elle est représentée par la télévision du début. C'est une sorte de mise en abîme, on nous montre sous forme de mini clip, les moments les plus importants du film, disons plutôt une bande annonce dans l'annonce. C'est comme les pièces de théâtre ou l'ouverture de films, au début de l'acte, on retrouve la distribution des personnages et une espèce de mise en garde.


Baz Luhrmann avec un humour feint, reprend nombre de techniques (clichés) hollywoodiennes pour ironiser les procédés. Le texte classique est bien conservé, c'est ce qui fait ce décalage follement original avec les scènes violentes et modernes. Nous avons des références aux films de western juste au début du film, dans la prestance des duels et la musique. Pendant le bal costumé, l'on voit un Romeo en chevalier et une Juliette pure et douce en ange, ce qui renforce leur rôle dans l'histoire et leur destin, la transgression d'un Romeo qui se rend sur le territoire de son ennemi, la mort de Mercutio, le déchaînement des fatalités appuyé par les conditions météorologiques. La statue d'un saint qui est toujours là pour appuyer un destin fatal. Le fait que Romeo achète le poison après que le père se soit rendu compte que la lettre n'est pas arrivée est une lubie du cinéaste pour appuyer l'effet dramatique car dans la pièce, ces faits sont bien mis en parallèle.

Les acteurs m'ont plut à tous point de vue, Claire Danes (mon héroïne de "Angela 15 ans") en Juliette c'est le pied total, Harold Perrineau (mon héro de "Oz") en Mercutio est incroyable, Pete Postlethwaite en Père Laurence est terrible, John Leguizamo en Tybalt vaut carrément le détour, il y a une telle violence dans l'amour et la haine de chacun que mon coeur, à la projection du film à faillit exploser. Sans doute que la BO et le décor et les couleurs ont aussi beaucoup joués, tout comme ça l'avait fait pour Ballroom Dancing.

Lundi 24 juillet 2006 à 21:59


USA | 2000 | Un film de Darren Aronofsky d'après le roman d'Hubert Selby Jr | Avec Ellen Burstyn (Sara), Jennifer Connelly (Marion), Jared Leto (Harry), Marlon Wayans (Tyrone)


Sara Goldfarb vit seule à Coney Island. Mère juive veuve et fantasque, elle vit dans l'espoir obsessionnel d'être un jour invitée sur le plateau de son émission de télévision préférée. C'est dans cette perspective qu'elle suit un régime draconien, afin d'entrer dans la robe qu'elle portera, lorsque le grand soir sera venu. Son fils Harry est en proie à une dépendance à la drogue effroyable et tout aussi obsessionnelle. Avec sa petite amie Marion et son copain Tyrone, ils noient leur quotidien dans d'infantiles visions du paradis terrestre.
En quête d'une vie meilleure, le quatuor est entraîné dans une spirale infernale qui les enfonce, toujours un peu plus, dans l'angoisse et la dégradation...



Quelque chose m'a dérangé, une petite chose, parce qu'il y a un effet dans le film qui n'est pas l'oeuvre propre d'Aronofsky mais bien de Gus Van Sant pour un de ces premiers films Drugstore Cowboy, on s'attendait donc à mieux qu'un effet copie de la part du réalisateur de Pi. Car sinon, Requiem for a Dream serait un film tout à fait parfait pour moi du début, jusqu'à la bande originale. Au commencement du film, les héros ados de l'histoire s'éclatent, se droguent, s'aiment, gagnent de l'argent facile, c'est un beau rêve, mais c'est un superbe leurre, car la descente aux enfers est toute proche. Le film se décompose en trois temps : l'été, l'automne, l'hiver, et va crescendo de pire en pire. Le film proche de Trainspotting frôle la crise d'épilepsie tant le rêve devient acide.

Tourné comme un vidéo clip percutant, le film nous fait l'apologie de la superficialité de nos vies et du" winner" pour mieux enterrer ces personnages et du même coup, le fameux rêve américain. Le régime de Sara devient accoutumance aux cachets, la drogue vient à manquer, l'histoire d'amour de Marion se fissure. Les visages se blanchissent, les yeux se creusent, les dents claquent. Les hallucinations ne sont plus des fantasmes mais bien des cauchemars. Chacun perd un morceau de lui : la raison pour Marion, le bras pour Harry, les rêves pour Sara, et l'innocence pour Tyronne.

Entre cinéma expérimental et sensations fortes (qui va en déranger plus d'un), Aronofsky habille son film d'images chocs et fait forcément réagir le public. En maîtrisant le temps (prise de dope speed, puis tout devient élastique, lent), le jeune cinéaste fait monter la pression jusqu'à l'horreur suprême : électrochocs, scie, partouzes. C'est la déchéance humaine qui est montrée à son apogée, chacun paie le prix de ses fantasmes et se réveillera avec de mauvaises surprises. Revenir de l'enfer pour y rester éveillé. Les excès de chacun sont punis sur fond sonore déstabilisant et lancinant. Les images saccadées et de plus en plus terrifiantes nous nouent l'estomac, nous donnent envie de pleurer, nous font pitié. Mais tout ceci pour nous montrer que la réelle dépendance de chacun de nous est notre dépendance à avoir des rêves et d'y croire trop fort.

Lundi 3 juillet 2006 à 17:48


Japon | 2004 | Un film de Tetsuya Nakashima d'après le roman de Novala Takemoto | Avec Kyoko Fukada (Momoko Ryugasaki), Anna Tsuchiya (Ichigo Shirayuri), Hiroyuki Miyasako (Le père de Momoko), Ryoko Shinohara (La mère de Momoko), Sadao Abe (Unicorn Ryuji), Yoshinori Okada (Mr le Président de la boutique de Lolita), Eiko Koike (Akimi), Shin Yazawa (Miko), Hirotaro Honda (Le chef des Yakuzas), Kirin Kiki (Grand-mère de Momoko), Yoshiyoshi Arakawa (L'épicier)

Admiratrice et passionnée de la période Rococo, des robes à froufrous et d'ombrelle fantaisie, Momoko est une fille à part qui possède une philosophie de la vie assez particulière. En grandissant, elle choisit une mode qui lui va et adopte le comportement Lolita qui sied bien à sa passion du Rococo. Un jour pourtant, sa vie va changer avec l'arrivé de Ichiko, yankee des Ponytails, un gang de filles en scooters.
Habitant en compagnie de sa grand-mère et de son escroc de père qui a été contrebandier de Versach (Versace) et yakuza repenti, Momoko la solitaire passe son temps et ses jours à manger des douceurs, rêver et broder. Ses moments d'actions sont celles qu'elle passe dans sa boutique de vêtements préférées. Ichiko la violente et turbulente yankee qui aime donner des coups de boules à tout va, crier et cracher par terre va considérablement perturbé ses habitudes.

Ce film est franchement délirant, débile pour certains, c'est un OVNI dans tout les sens du terme, mélange de manga et de sous culture nippone Pop, c'est frais et acidulé. Il accumule tous les clichés du Japon avec humour. Bien évidemment, certains effets peuvent agacé, mais c'est du mauvais goût assumé. Le film ne propose pas d'explication sur la culture pop japonaise exporté chez nous, mais c'est vrai que parfois j'ai l'impression d'y voir une ironie sur la jeunesse en quête de repère et de nouvelles identités, ou encore une critique sur le « clonage » actuel que suscite la mode ou une envie profonde d'appartenir à un groupe. Pour les fans d'Otakus et d'histoire kitsch complètement barge, vous allez apprécier.

"Kamikaze Girls" est l'adaptation du roman de Novala Takemoto intitulé "Shimotsuma Monogatari" soit "Contes de Shimotsuma". Le jeune romancier serait, dit-on, connu pour ces livres à l'encontre de la jeunesse, aucun de ses romans d'ailleurs ne s'est vendu à moins de 500 000 exemplaires au Japon.

Afin de faire un film sur la jeunesse pop et changeante du Japon rien n'était plus logique que de prendre deux stars bien ancrés dans cette réalité, Momoko et Ichigo sont interprétées par des stars de la musique japonaise, c'est-à-dire, Kyoko Fukada, idole de la pop depuis qu'elle à 15 ans, et Anna Tsuchiya, la métisse d'origine américaine et leader d'un groupe rock très populaire au Japon. Le tournage n'a duré qu'un mois et de nombreuses stars de l'underground japonais ont acceptés de tenir des petits rôles pour le moins ridiculement drôle. Yoko Kanno qui est une compositrice très connu (que j'adore d'ailleurs) de manga célèbre et culte tels que Jin-Roh, Ghost in The Shell, Escaflowne, Cowboy Bebop, Macross, La guerre de Lodoss, Card Captor Sakura, X, s'occupe de la Bande Originale. Il était normal que le film connaisse au Japon un énorme succès, et ça fait très plaisir qu'on commence à trouver des distributeurs pour la France, car j'avais vu ce film en 2004, mais sans traduction française il était plus que difficile d'apprécier la chose (d'ailleur si l'on pouvait faire la même chose pour le film "Nana"...).

Anna Tsuchiya est Nana Ozaki dans l'adaptation filmique du shojo qui a battu tous les records dès sa première apparition. Le couple qu'elle forme avec Kyoko Fukada dans "Kamikaze Girls" rappelle étrangement le couple avec Aoi Miyazaki (Nana Komotsu aka Hachikô). Yankee et Lolita fan de rococo, et Rockeuse et fille fragile, niaise au possible, improbable couple s'aimant pourtant, se cherchant, car la diversité rends parfois l'autre plus fort où la met face à une autre différence qui ne peut lui faire que du bien.

Momoko est une fille froide, fan de l'époque rococo Française (se traduit par la frivolité, les couleurs et la décadence, la douceur de vivre…) qui n'a pas d'amis, qui est très fière d'être Lolita et a une philosophie particulière sur la solitude rencontre la yankee Ichiko (sorcière) qui se nomme en fait Ichigo (fraise et c'est vrai ce n'est pas bien vu pour la fille d'un gang). Cette dernière assène des coups de boules à volonté, est prisonnière des règles d'un groupe et de sa dépendance à ce gang, sa rencontre avec la très indépendante et bizarre Momoko va la pousser à établir ses propres règles et continuer son chemin seule. Philosophie de comptoir sans doute, mais délicieusement mise en scène je trouve, même si ça fait cliché niais sur l'amitié et l'amour et que cela peut parfois retomber dans une mièvrerie agaçante, j'ai adoré.

Le film est limite fait comme un manga, exagération de certains effets, des visages tordus par des expressions que les fans de ce genre reconnaîtront. La séquence animé sur la terrible Himiko a été faite par Yojiro Nishimura et produite au Studio 4°C ce qui est normal puisque Tetsuya Nakashima est un réalisateur très influencé par le manga et l'animation japonaise, il a d'ailleurs déjà dirigé des productions animées comme les pubs Gatchaman 2000.

La culture Otaku est une sous-culture qui passionne les Japonais et qui a d'ailleurs conquit le monde occidental depuis bien longtemps et le phénomène s'intensifie grâce aux produits dérivés aux O.A.V. et O.S.T. ainsi que le Festival de la Japan Expo (pour l'édition 2006, Anna Tsuchiya sera d'ailleurs présente pour chanter les chansons du film Nana). Grâce aux mangas, les jeunes japonais ont sans doute l'impression de revêtir une personnalité qui leur plaît et change leur quotidien pour le rendre extraordinaire, c'est la mode des Cosplay où l'on s'habille comme notre héros de mangas ou de jeux vidéos favoris. La mode au Japon nous fait toujours halluciner, mais moi je trouve ça assez chouette, il en faudrait aussi en France pour changer quelques mentalités.

Au final, "Kamikaze Girls" à pour thème la recherche d'identité et de destiné, un manque dont souffre la plupart des gens, pas besoin d'être japonais pour cela. 

Photo ci-dessus du romancier Novala Takemoto ©

Vendredi 30 juin 2006 à 1:46


France | 1998 | Un film de Gaspard Noé | Avec
Philippe Nahon (le boucher), Blandine Lenoir (la fille), Frankye Pain (sa femme), Martine Audrain (sa belle-mère), Jean-Francois Rauger (l'agent immobilier), Guillaume Nicloux (le directeur de supermarché), Olivier Doran (la voix du présentateur), Aïssa Djabri (le docteur Choukroun)

Un homme sort de prison, il épouse alors son ancienne maîtresse dans le but de recommencer une nouvelle vie et surtout dans l'espoir de récupérer sa fille placée dans une institution. C'est sans compter que ce bonhomme est sacrément endurci par la vie et va cracher son venin à tout va. Une arme chargée de trois balles, il sillonne un patelin paumé...

Noé savait choquer bien avant "Irréversible", et même beaucoup mieux. Sur fond de l'histoire d'un pauvre type ordinaire, un beauf' complètement schizo qui a la haine, qui méprise le monde entier excepté sa fille. Le viol est toujours présent comme dans tous ses travaux, y compris ses courts et moyens métrages. Cette fixation pour l'inceste ou l'horreur de l'innocence amputée, on la retrouvera dans le moyen métrage de sa compagne Lucile Hadzihalilovic "La bouche de Jean Pierre", où une petite fille malchanceuse rencontre l'amant de sa tante, le soir alors qu'elle dort près de la porte de la chambre de cette dernière.

Le boucher dans "Seul contre tous" est odieux, raciste et s'emporte tellement dans ses pensées qu'on lui prédit un ulcère immédiat. Le seul moment où il devient calme et presque censé, c'est lorsqu'il rend visite à sa fille dans un hôpital il me semble. Pour bien situer l'histoire il faut avoir vu "Carne" (même si les deux histoires peuvent être indépendantes), un moyen métrage de Noé, où l'on voit le boucher qui élève seul sa fille (elle ressemble à un légume limite), il la lave, la nourrit et l'habille... Même lorsqu'elle devient une femme, et là le malaise s'installe, puisque le boucher va avoir de mauvaises pensées en voyant les formes de sa fille, qui, entre ses mains, ressemble à un jouet.
Le boucher ira en prison, pour avoir tué sauvagement un type qu'il croyait coupable du dépucelage de sa fille, alors que celle-ci avait juste, pour la première fois, ses règles.

A travers cet homme qui veut se venger de l'existence c'est une critique de la société qui est mise en évidence de façon crue et totalement aseptisée. Le choc se trouve dans les images bien sûr, mais plus dans les mots, dans la voix off du boucher qui déclame sa haine et crache des atrocités quand il le veut : "C'est des types comme Robespierre qui feraient du bien à la France" (Robespierre étant un ferveur utilisateur de la guillotine) ou encore "Vivre est un acte égoïste. Survivre est une loi génétique".
"Seul contre tous
" contient un concentré des travers de cette société, et le boucher ressemble à ces gens extrémistes, nostalgiques d'un temps, ces gens qui sont à bout, il ira vers la fin jusqu'à se recréer un monde avec la seule femme qu'il n'a jamais aimée, c'est-à-dire sa fille... A qui il décide de faire l'amour pour lui apprendre la vie. La fin est un affrontement avec cette enfant qu'il chérit, il se demande s'il doit la tuer pour lui épargner la misère et la crasse de cette vie là, vivre c'est être égoïste.

Ce qu'il y a de plus drôle dans ce film, c'est l'avertissement du début du film "Vous avez 30 secondes pour abandonner l'idée de voir ce film" qui annonce déjà la couleur, nous prévient que ce que l'on va voir n'est pas commun et peut s'avéré dangereux pour le public. Effectivement, voir l'errance de cet homme antipathique, le vieux beauf' de base qui cogne sur sa femme enceinte en voulant vraiment assassiner le gosse qu'elle porte, va voir des films pornos, provoque des immigrés, râle, avec ce regard froid et implacable, sans jamais sourir, il abat sa fille froidement comme il tue ces animaux dans sa boucherie et qui se vide comme un cochon qu'on saigne, tout cela nous offre une gigantesque claque dans les dents. Ce film révèle aussi le très bon acteur qu'est Phillipe Nahon, que je trouve assez charismatique.

Si Noé est un provocateur, il est ce que je vois dans la ligné de Pier Paolo Pasolini, Larry Clark et Cronenberg un artiste démesurément bon, même si "Irréversible" et son tapage médiatique a joué en sa défaveur.

Vendredi 23 juin 2006 à 16:23


Corée du Sud | 2003 | Un film de Park Chan-Woo | Avec Choi Min-Shik (Oh Dae-Soo), Yoo Ji-Tae (Lee Woo-Jin), Kang Hye-Jeong (Mido), Yoon Jin-Seo (Lee So-Ah), Kim Byeong-Ok (M. Han)

Un jour, un père de famille est enlevé sans raison apparente et se retrouve enfermé dans une chambre, sans fenêtre, sans espoir de sortir, drogué parfois, et ce pendant plus de 15 ans. Son seul lien avec le monde est une télévision, par laquelle il apprend qu'il aurait tué sa femme.
La haine va permettre à  Dae-Soo de survivre et sortir pour commencer par retrouver les commanditaires de son calvaire.

Esthétique de l'excès, comme tout cinéaste asiatique à sensation, Park Chan-Wook sous l'apparence d'un homme psychologiquement atteint nous livre une histoire hors norme, un film qui a terrassé dans son pays des grosses productions américaines. Ce qui fait que je ne vais pas être objective puisque ce genre de cinéma asiatique est mon péché mignon. Tout d'abord, j'adore le cinéma de Park Chan-Wook. Si on le dit parfois inintéressant et trop sûr de lui, je le proclame dieu de son monde de torture et de désespoir romanesque. Tout comme Miike, sa patte personnelle ne laisse pas indifférent et n'envie rien à Tarentino ou Rodriguez.
Le cinéma asiatique est hybride, contemplatif mais se suffit largement à lui-même. Ce film déjà culte (comme toujours) de Park Chan-Wook est un mélange entre manga et folie furieuse d'un réalisateur à l'apparence calme. Le niveau émotionnel du film est très intense, mon amie n'en a pas cru ses mirettes et son pauvre coeur.
Old Boy est surréaliste et sa bande originale souligne cet effet, entre tango, classique et orchestral, c'est une folie pure, avec des images surprenantes, tout dans l'excès avec quelques notes acides sur les moeurs et le regard sur une société consommatrice (la télévision devient amie, maîtresse, dieu en somme). La force de ce cinéma est de mélanger toute forme d'histoire et de culture, Kafka croisant Akira par exemple... Oh Dae-Soo enfermé dans sa petite chambre, vit le même calvaire qu'un Monte Cristo ou le héros du film de Noé "Seul contre tous". Mélangez ceci à des scènes de tortures implacables et du karaté et vous obtenez un film incroyable et complètement hallucinant (sans avoir fumé !).

Les retournements de situations sont prenants et rythment le film. Personne ne sort du cinéma sans être dégoûté, ou heureux, ou déjà parti depuis longtemps. On reproche assez durement au cinéma asiatique ces scènes de violences insoutenables, mais c'est juste le reflet d'une société qui se permet de nous assaillir d'images cruelles dites "informatives", d'une époque assez désenchantée où la violence se fait voir partout. La créativité n'est pas une tare, et je pense que c'est la base de ce genre de film, l'excès jusqu'à l'absurdité de ces scènes, tout comme le cinéma gore.

La recherche d'effets stylisés est le propre de tout réalisateur, même si il y a ratage, il y a eu des efforts, et Park Chan-Wook est parfait pour moi à ce niveau. La couleur du film est tantôt sale, tantôt lumineuse, tantôt hallucinante, on ne s'ennuie pas. Et la fin vous retourne littéralement...
Old Boy est devenu plus qu'un film culte dorénavant et a bénéficier d'un bouche à oreille que je n'aurais jamais cru possible, je suis assez heureuse que le cinéma asiatique devienne peu à peu une réalité, même si les remakes Américains me mettent quelque peu sur les nerfs.

Le "Hallyu" qui regroupe la nouvelle vague Coréenne cinématographique, n'a rien à envier à Hollywood d'ailleurs ni au Festival de Cannes (de quoi les faire baver), ce phénomène fait rage en Corée et les films (drame, romance, thriller, animations...) gagnent nos salles obscurs et ce n'est pas pour me déplaire, il est favorisé par la politique des quotas instaurés par les autorités coréennes, celle ci obligeant les salles à diffuser des films locaux pendant un certains nombres de jours. Ainsi, la production cinématographique nationale se retrouve protégé de l'hégémonie Hollywoodienne et devient autonome. Un rêve que n'a jamais pû réaliser le cinéma français par manque d'appui ou de films intéressants sans doute.

Par rapport à la vague "Hallyu", L'Office du Tourisme Coréen à même mit en ligne un site qui se veut être une database des drama et films coréens, il n'existe pour l'instant qu'en coréen en japonais, chinois et anglais, on peut toujours rêver pour une version française puisque la France n'a pas pour habitude d'exploiter les bons fillons. (Voir Suicide Club, The Grudge et nombreuses autres productions)

A ne pas manquer "Sympathy for Mister Vengeance" qui est le premier volet d'une trilogie de vengeurs haineux dont fait partie Old Boy et dont "Sympathy For Lady Vengeance" clos le tout, c'est tout aussi génial et ça se consomme sans limite.

Samedi 17 juin 2006 à 18:03

Japon | 2002 | Un film de Sono Sion | Avec Ryo Ishibashi (Détective Kuroda), Akaji Maro (Détective Murata), Masotoshi Nagase (Détective Shibusawa), Saya Hagiwara (Mitsuko), Hideo Sako (Détective Hagitani), Rolly (Genesis), Kazumi Sekine/Miyu Sawada/Tomoko Kumagai/Saon Fujita/Tomoe Adachi (Le Groupe Dessert)  


http://paracelsia.cowblog.fr/images/SuicideClub3JisatsuSaakuru.jpgUn jour, sur le quai de la station Yamamote, à la gare de Shinjuku, 54 lycéennes s'approche du bord et se tiennent la main, une à une, elles chantonnent joyeusement et décomptent. A 1, elles sautent toutes sous le train qui arrivent à toute allure, inondant la gare et les personnes s'y trouvant de tonnes de sang. La nouvelle est impressionnante et une enquête est ouverte et Toshiie Kuroda et Kenji Shibuwasa sont sur l'affaire... Laquelle va résolument se compliquer lorsqu'à nouveaux, des lycéens sautent du toit de leurs écoles… La police va alors trouver sur les lieux du premier suicide, un sac de sport contenant plusieurs centaines de mètres de morceaux de peaux humaines cousus les uns aux autres... Les forces de l'ordre sont tout de suite dépassées alors que s'annonce dans tout le pays des vagues de suicides hallucinantes.

Ce qui m'a d'abord frappé dans le film c'est sa scène d'ouverture qui est devenu très célèbre et assez culte, et puis il y a ce groupe de gamine «Les Desserts» qui font complètement décalé dans le film. Comme je le dis souvent, l'élément le plus à l'ouest d'un film est souvent celui qui est la clé de tout.
«Jisatsu Saakuru» est un film complètement barge, il est malsain, il est sanglant, mais voilà sans se prendre au sérieux. Les suicides sont le plus souvent absurdes, tragiques ou hilarant, c'est ce qui fait partie du cinéma asiatique et c'est pour cela que l'on aime s'en délecter. Le cinéma asiatique peut tout se permettre avec l'horreur, sans jamais se dépêtre d'un humour assez dingue. La scène la plus hilarante restant celle où Génésis un chef de loubard travesti en chanteur GlamRock chantent une chanson très drôle au milieu de ces victimes qui jonchent une vieille salle de bowling abandonné et là obligé de faire le liens avec «Rocky Horror Picture Show».
Si vous aimez être baladé d'une narration à une autre et frissonner de plaisir dans le bon et le mauvais sens, vous allez adorer regarder un film bizarre qui peut paraître idiot et exagéré du fait de ces tonnes d'hémoglobine déverser à tout va, mais qui traite d'un sujet tabou, ancré dans la société japonaise, celui du suicide et un autre sujet très présent, celui de la mode. En effet, que ne ferais pas les jeunes japonais pour être à la mode (prostitution, meurtre, petits boulots) et tout ceci après les cours dans un pays où les traditions demeurent sévères. La jeunesse japonais va aussi mal que celle des autres pays et c'est peut-être pour cela que certains films paraissent d'une violence inouïe, voir d'un côté malsain jamais vu. Ce qui est passionnant dans ce cinéma, c'est le fait d'être toujours surpris, et j'adore être surprise.
«Suicide Club» n'est pas sorti en France comme bon nombre de films asiatiques très très bons d'ailleurs, mais il faut savoir trouver le distributeurs qui oserait porter ces films et dépassé les censures habituelles.
Le Japon est une société attirante, elle est de plus en plus à la mode en Occident, mais voilà, cette société a aussi de nombreux travers, elle est rigide et toujours traditionnelle, alors que sa jeunesse lutte pour sortir de cet état de fait, la mutation s'annonce rude. «Jisatsu Saakuru» dénonce ici, de manière cru et sanglante, un système qui ne fonctionne plus, tout comme pourrait ne plus fonctionner celui du Japon d'aujourd'hui. D'où peut-être les scènes d'étudiants bien comme il faut faire des choses gore comme il faut.
Le film n'est pas un chef d'œuvre, mais ce n'est pas son but, c'est avant tout un film d'horreur et macabre, ironique à l'humour déroutant mais très présente, âmes sensibles s'abstenir, il a été interdit au moins de 18 ans… Le film n'est pas non plus sans intérêt, il me plaît parce qu'il a ce côté étrange que j'affectionne. Après le suicide des 54 lycéennes, l'enquête de police débute, on retrouve un sac de sport avec pas moins de 200 lambeaux de peaux humaines agrafé les uns aux autres, les enquêteurs sont dépités, sur ces morceaux, ont identifie ceux des jeunes suicidés, et ensuite des futurs suicidés. Un autre sac de sport contenant aussi des morceaux de chairs sera retrouvé plus tard. La police ne va faire aucune relation entre les suicides et cette découverte pourtant, le seul point commun des victimes étant l'âge. Justement l'âge de la fille de l'inspecteur Kuroda.
Et c'est là que commence vraiment l'intrigue, on va alors entendre les Desserts, un groupe de pop japonaise, une girl band de gamines de 13 ans qui semble passionner la moitié de la population, mais surtout la fille de l'inspecteur Kuroda, sa femme aussi et peut-être son fils. La chanson «Mail Me» est très entraînante d'ailleurs. Vient s'ajouter deux étranges filles posté derrière l'écran d'un PC et qui appellent la police en prétendant avoir la clé du mystère, une bande de malfrats assez fou furieux et taré et la voix de cette petite fille au téléphone qui a comme un problème de toux et qui vous demande: «Êtes-vous connecter à vous-même».
«Jisatsu Saakuru» va se dérouler comme un puzzle assez bâclé par moment mais de façon de plus en plus violent, dévoilant une vérité assez malsaine qui a mit bons nombres de mes amis mal à l'aise. A voir absolument. Peut-être qu'il existe enfin un DVD avec des sous-titres français. Sinon, un manga de Usumaru Furuya est apparut et rends hommage au film.

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